Affaire Skripal: «ça ressemble plutôt à une provocation»

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Retour sur l’affaire Skripal et les expulsions des diplomates russes! Le Clash revient sur cette crise diplomatique entre la Russie et la Grande-Bretagne avec le journaliste Pierre Lorrain et l’ancien ambassadeur de France à Moscou, Claude Blanchemaison.

Vers une escalade des tensions? La tentative d'assassinat au gaz neurotoxique de l'ancien agent double Serguei Skripal et de sa fille empoisonne depuis quelques semaines les relations entre Moscou et Londres, soutenue par l'Union européenne et les États-Unis. Au total, plus de 120 diplomates russes ont été expulsés des pays occidentaux. Le ministre des Affaires étrangères russes ripostait le 29 mars en fermant le consulat américain de Saint-Pétersbourg et en expulsant 60 diplomates de ce pays.

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Dans une affaire d'empoisonnement avec de tels enjeux internationaux, il est probable que nous ne saurons jamais pourquoi et qui exactement a essayé d'assassiner l'ancien espion russe. Pourtant, dès le début de l'affaire, les Britanniques ont jugé «extrêmement probable» que les services de renseignement russes soient à l'origine de cette tentative de meurtre.
En n'excluant aucune responsabilité, Pierre Lorrain, journaliste et écrivain, spécialiste de l'URSS et de la Russie, considère «qu'il y a un doute très légitime sur ce qui s'est passé là, ça ressemble plutôt à une provocation». Employer un tel gaz neurotoxique, «c'est quelque chose de tellement lourd qu'il doit y avoir une raison extraordinaire derrière. Alors à la veille de l'élection présidentielle russe, à la veille de la coupe du monde de football en Russie, il faut être particulièrement stupide pour utiliser ce genre de moyens».

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L'ancien ambassadeur de France à Moscou, Claude Blanchemaison, auteur en 2018 du livre «Vivre avec Poutine» chez Temporis, insiste davantage sur la réaction britannique face à cet empoisonnement: «les Britanniques ont le sentiment sur cette affaire et probablement sur d'autres que les Russes ont franchi la ligne rouge et que c'est peut-être la goutte d'eau qui fait déborder le vase et qui a provoqué la vigueur de la réaction britannique, c'est probablement pour ça qu'ils l'ont rendue publique, et qu'ils ont immédiatement appelé à la solidarité européenne […] Les services de renseignement russes sont aussi connus pour agir parfois lorsqu'ils le souhaitent, avec une certaine agressivité».

23 diplomates russes ont été expulsés du Royaume-Uni, quatre diplomates expulsés de France, quatre diplomates expulsés d'Allemagne, 60 diplomates expulsés des États-Unis. Au total, plus de 120 diplomates russes ont été expulsés suite à l'affaire Skripal. Pierre Lorrain relativise pourtant le nombre de ces expulsions: «la portée est relativement limitée. L'expulsion de diplomates même une centaine, répartie sur plusieurs pays, ce n'est pas une affaire très, très importante au niveau du droit international».

Claude Blanchemaison est également de cet avis, expliquant les mécanismes de ces expulsions: «Ça n'est pas une affaire d'État, bien sûr, ça crée une certaine situation politique et un certain malaise, mais ces diplomates au bout de quelque temps, ils sont remplacés et ça n'empêche pas les ambassades et les consulats de fonctionner […] donc c'est un signal, mais ça n'a rien à voir avec la rupture des relations diplomatiques et c'est même bien moins important que le rappel d'un ambassadeur […] C'est une mesure symbolique calibrée».

Comment la Russie peut-elle répondre à ces expulsions diplomatiques? L'ancien ambassadeur estime que Vladimir Poutine gagnerait à prendre l'initiative en enrayant l'escalade: «Il y aurait un coup de maître à jouer de la part du président de la Russie, Vladimir Poutine, qui serait de s'abstenir de répondre dans l'immédiat pour ce qui concerne les États membres de l'Union européenne […] Pourquoi ne pas attendre de façon à prendre l'initiative d'enrayer l'escalade, car ça va être ça le sujet suivant et probablement aussi la visite du président de la République française à Saint-Pétersbourg, c'est comment enrayer l'escalade. Ça sert à quoi de faire des rétorsions qui appelleront d'autres mesures de rétorsion?»

Malgré ces réelles tensions, le ministre des affaires étrangères français, Jean-Yves le Drian déclarait ce 29 mars au micro de RTL que la visite du président Macron en Russie le 24 et le 25 mai était maintenue, une position immédiatement saluée par la diplomatie russe. Comment expliquer cette position de la France vis-à-vis de la Russie, peut-on appeler cela la diplomatie du «en même temps» chère à Emmanuel Macron? Pierre Lorrain estime la diplomatie macronienne assez cohérente sur le sujet: «Pour la France, il y a également le fait de prendre aujourd'hui une position ferme de manière à faire apparaître la position d'Emmanuel Macron lorsqu'il se rendra en mai à Saint-Pétersbourg au Forum Économique […] un peu plus dure à l'égard de Vladimir Poutine qu'on ne veut bien le présenter».

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