Pendant des années, le contrat d'achat du système antimissile américain Patriot sera payé par les contribuables polonais, mais le fait que cela renforcera encore plus la dépendance géopolitique de la Pologne vis-à-vis des États-Unis est beaucoup plus grave, a estimé le journaliste polonais indépendant Adam Smiech dans un entretien accordé à Sputnik.
«Je ne suis pas partisan d'une union aussi étroite de Varsovie avec Washington pour plusieurs raisons, dont le fait qu'à l'avenir, la Pologne pourrait devenir une victime des conséquences de la politique pratiquée par les États-Unis», a indiqué l'interlocuteur de l'agence.
Et de rappeler à cette occasion les tensions qui ne cessaient de monter entre les États-Unis et la Russie, ainsi que la question de l'Ukraine qui n'était toujours pas réglée.
«Vu les promesses des États-Unis et du Canada de transmettre des armes létales à l'Ukraine, on comprend que ce conflit sera toujours le foyer d'une confrontation plus large. […] Et comme, conformément aux intérêts de l'État polonais, nous devons défendre fermement l'Ukraine antirusse, cela crée pour nous une très grande menace. Bref, je ne veux pas que la Pologne soit un État frontalier», a déclaré M.Smiech.
Selon ce dernier, dès le départ, le déploiement du bouclier antimissile en Pologne et en Romanie avait pour objectif d'aggraver les tensions entre l'Otan, avant tout les États-Unis, d'une part, et la Russie, de l'autre.
«J'ai bien l'impression que les États-Unis ne peuvent pas se faire à l'émergence de puissances telles que la Russie nouvelle et la Chine. J'ignore les conséquences de cette situation, mais j'ai très peur, car seul un fou peut vouloir une guerre. Quand on entend un ministre britannique dire que sa patience envers Poutine et la Russie touche à sa fin, on se demande: qu'arrivera-t-il si cette patience s'épuise? Enverront-ils des bombardiers avec des bombes atomiques à bord?», a résumé l'interlocuteur de Sputnik.
Le ministre polonais de la Défense a signé mercredi 28 mars à Varsovie le contrat d'achat du système antimissile américain Patriot pour 4,75 milliards de dollars (soit 3,8 milliards d'euros). L'accord s'inscrit dans la première phase du système antimissile polonais Visla. La livraison du premier lot est prévue en 2022. Elle sera composée de 16 systèmes lance-missiles, quatre stations radar et 208 missiles.