«Shithole countries» (ou pays de merde) et le muslim ban: alors que les Africains ont essuyé des insultes du président américain et le l'interdiction d'entrée sur le territoire américain de certains de leurs ressortissants, Donald Trump a récemment envoyé Rex Tillerson faire une tournée en Afrique. Son désormais ancien Secrétaire d'État a croisé par hasard, pour son dernier voyage officiel, son homologue russe, Sergei Lavrov, également en visite. C'est dire tout l'intérêt paradoxal que portent les grandes puissances mondiales sur ce continent.
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Pour Emmanuel Dupuy, président de l'IPSE (Institut Prospective et Sécurité en Europe), l'Afrique devient un enjeu géoéconomique essentiel pour tous les pays du monde. Ainsi, le spécialiste de la zone dresse la liste des pays intéressés: dernièrement la Turquie, dont «le président Erdogan a passé quelques heures au Mali», la Chine, dont l'investissement atteindra l'année prochaine «200 milliards d'euros», l'Inde, dont l'investissement atteindra les «100 milliards d'euros, augmentés de 30 milliards d'euros par an», mais aussi l'Iran, le Qatar ou encore l'Arabie Saoudite. Il estime à trois milliards d'euros le montant de l'investissement russe en Afrique subsaharienne et rappelle surtout les relations historiques entre la Russie avec l'Algérie et l'Égypte. Pourquoi l'Afrique représente-t-elle tant d'enjeux pour ces pays? Le dirigeant de l'IPSE estime que «le continent africain est le laboratoire de tout ce que le monde connaît de problèmes structurels: "la question environnementale" et la "question de l'immigration".»
Que représente Washington en Afrique? M. Dupuy considère que la présence militaire américaine sur le continent africain est protéiforme: «sur les 54 pays que compte l'Union africaine, 35 ont des accords avec les États-Unis avec symboliquement des places fortes américaines avec 4.000 hommes sur le camp Lemonnier à Djibouti et un certain nombre d'ancrages de plus en plus structurés, l'installation de bases de drones, à Djibouti et à Niamey».