Outre l’aspect juridique, un politique qui reste à confirmer
Il rappelle que beaucoup de gens s’interrogent aujourd’hui sur le fait de savoir si M.Sarkozy n’aurait pas ordonné l’intervention de l’armée française contre Kadhafi pour complètement étouffer l’affaire et effacer définitivement les traces de cette dernière, tout en soulignant que plusieurs chaînons manquent dans cette hypothèse.
«Est-ce qu’il y aurait eu un chantage du côté des Libyens avant le début de ce Printemps de Libye qui a tourné à la guerre contre le régime? L’hypothèse n’est pas encore prouvée, c’est une hypothèse sur laquelle beaucoup de gens travaillent. Si c’était vrai, ça voudrait dire que le chef d’État français serait intervenu, aurait engagé l’armée française et la France dans une affaire à des fins tout à fait personnelles ce qui est très très très grave comme accusation», explique-t-il, mettant en relief le fait qu’il y avait encore beaucoup de trous noirs à combler ou à éclairer pour étayer cette hypothèse.
Ce qu’on sait à ce jour?
«Ziad Takieddine dit et redit depuis déjà quelques temps qu’il a apporté trois valises de billets à partir de la Libye: une valise d’un million et demi d’euros qu’il a confiée au directeur de cabinet de Sarkozy Claude Guéant, une valise de deux millions d’euros qu’il a confiée directement à M.Sarkozy lui-même lorsqu’il était ministre de l’Intérieur et une valise d’un million et demi d’euros qu’il a confiée aux deux en même temps qui l’avaient reçue en même temps. M.Sarkozy dit que c’est du mensonge, qu’il n’a jamais reçu de cette façon-là M.Ziad Takieddine et qu’il ne pouvait mettre ça que sur le ressentiment qu’aurait M.Ziad Takieddine à l’égard de Sarkozy et de son entourage», selon l’interlocuteur de l’agence.
Le troisième élément de preuve, poursuit ce dernier, est une déclaration de l’ancien directeur des services secrets libyens, Abdallah Senoussi, qui a affirmé avoir été au courant des dons qu’aurait fait le colonel Kadhafi à M.Sarkozy. «Mais Sarkozy répond que ce M.Senoussi en réalité était condamné pour sa participation à l’attentat contre l’avion qui a fait plusieurs morts au-dessus du désert du Ténéré [en 1989, ndlr], au sud de la Libye, et qu’il essaie comme ça de se venger».
Il y a en outre des éléments des déclarations qui viennent d’un certain Béchir Saleh, ancien directeur de cabinet de Kadhafi, et qui dit avoir été au courant de l’affaire. Le dernier élément, selon M.Zannati, ce sont les carnets d’un ancien ministre du Pétrole et Premier ministre libyen qui consignait dans des petits carnets toutes les sommes et toutes les conversations. «Ce monsieur qui s’appelle M. [Choukri, ndlr] Ghanem est mort dans des conditions suspectes quelque part en Roumanie, je crois, ou en Hongrie [en réalité, il est mort en Autriche, ndlr]. Il est mort noyé d’une façon très suspecte [en 2012, ndlr]. Et la justice française a pu recueillir ces carnets-là sur lesquels aujourd’hui elle se baserait pour interroger M.Sarkozy».
De nouveaux éléments sont possibles
«Intermédiaire également entre la droite française et Kadhafi, M.Djouhri a été arrêté à la demande de la France à Londres […] et maintenant la France demande son extradition pour l’interroger. Lorsqu’il sera extradé, qu’il viendra et qu’il sera interrogé par la justice française, on saura s’il a de nouveaux éléments ou d’autres éléments à donner sur cette affaire complètement rocambolesque qui est extrêmement compliquée […] et qui ressemble de plus en plus à un véritable roman policier», a-t-il conclu.