Sans surprise, la présidentielle russe n'a pas manqué d'attirer l'attention des média européens. Et sans surprise non plus, ces derniers ne se sont montrés très bienveillant ni sur la façon dont le scrutin a été organisé ni sur son issue et son vainqueur. Sputnik a pris la peine d'analyser le ton adopté par RFI, Euronews et France 24 sur leurs sites russes et anglais, chargés de véhiculer leur vision bien au-delà des frontières de l'UE.
RFI
Il suffit de jeter un œil sur les titres des articles parus dimanche et au lendemain de la présidentielle pour se faire une idée du ton sceptique adopté par la version russe de RFI. «"Inutile de se plaindre" — les candidats sur les résultats de la présidentielle», «Andreï Gratchev: "Dans les relations Russie-Occident, nous sommes sur une voie très dangereuse"» ou encore «Les orthodoxes de Strasbourg se sont rendus aux urnes à l'appel de l'archiprêtre», comme si rien ni personne d'autre ne pouvait être en mesure les motiver à participer à l'élection présidentielle.
RFI n'a d'ailleurs pas omis d'évoquer l'Ukraine, énonçant sans un brin de condamnation les obstacles érigés par les autorités du pays aux électeurs russes, qui ont été privés de leur droit de voter en raison «de leur conduite en Crimée annexée».
Euronews
«Leader à deux visages: pourquoi Poutine est-il aimé en Russie et détesté en Occident», titrait le site russe d'Euronews à deux jours de la présidentielle. À l'intérieur, une autre question, pas moins rhétorique «Pourquoi Poutine est-il un "génie cruel " pour les pays Occidentaux?».
L'auteur de l'article qui cherchait à analyser les motifs de la popularité et de l'irritation que suscitait Vladimir Poutine fournissait à cette occasion toute une liste de «raisons les plus évidentes pour un observateur occidental»: l'Ukraine, Syrie, la présumée ingérence dans les élections aux États-Unis et en France… «Personne n'envisage d'aller analyser les détails», avouait-il franchement avant de citer la vision typique des médias mainstream: le Maïdan ukrainien est une «protestation pacifique» opprimée par un «régime sanglant avec le soutien de Moscou». Faut-il préciser que la partie du texte réservée aux motifs de la popularité de Poutine était deux fois plus courte que ce qu'on pouvait ou devait porter à son débit?
France 24
C'est avec un ton glacial que la version anglaise de France 24 analyse la réélection de Poutine. «Poutine, "l'homme sans visage", montre son caractère une fois de plus», titre la chaîne sur son site destiné aux étrangers. Celle-ci fouille le passé du Président russe et ne manque pas de rappeler son ancien lien avec les services secrets russes ainsi que son âge. «De nombreux électeurs ont voté pour un ancien espion du KGB âgé de 65 ans», indique l'article.
«Peu nombreux sont ceux qui auraient pu deviner il y a deux décennies qu'un ex-espion morne tiendrait ce pays d'une main de fer qui s'étendra sur un quart du siècle», martèle l'auteur du texte. Citant «certaines sources russes informées», il va jusqu'à affirmer que les «milliardaires mènent le jeu» en Russie alors que son Président «cultive une image de dur à cuire».
«Victoire facile», «prévisible», «sans surprise»: ces mots passe comme un fil rouge à travers les textes des médias européens plutôt amers dans leur rhétorique quant à la présidentielle russe. Poutine a été, en effet, le grand favori de cette course, ce qui ne signifie pas pour autant que son nouveau mandat sera exempt de surprises.
Vladimir Poutine remporte 76,68% des voix à la présidentielle à l'issue du traitement de 99,94% des procès-verbaux, selon la Commission électorale centrale. Il a raflé en Crimée 92,15% des suffrages, soit les voix de 985.117 habitants de la république. Plus de 150.000 observateurs ont été chargés de surveiller le déroulement du scrutin.