Quelques jours après la déclaration de Theresa May, qui juge «très probable» l’implication de Moscou dans l’intoxication de l’ex-agent double Sergueï Skripal, le secrétaire d'État britannique aux Affaires étrangères Boris Johnson a estimé que l’implication de Vladimir Poutine était «extrêmement probable», toujours sans fournir aucune preuve.
«Notre querelle est avec le Kremlin de Poutine et avec sa décision, et nous pensons qu'il est extrêmement probable que c’est sa décision d’ordonner l’emploi d’un agent neurotoxique dans les rues du Royaume-Uni, dans les rues de l’Europe pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale», a affirmé vendredi M.Johnson.
La Première ministre britannique Theresa May avait précédemment déclaré que Moscou était «très probablement» impliqué dans la tentative de meurtre de M.Skripal, annonçant l’expulsion de 23 diplomates russes. Toutefois, Mme May n’avait pas présenté de preuves tangibles pour appuyer ses allégations.
Moscou a qualifié de «cirque en plein Parlement britannique»» la déclaration de Theresa May et a demandé, conformément à la Convention sur l'interdiction des armes chimiques (CIAC), de lui accorder un accès aux dossiers de l'enquête, à l'échantillon de la substance neurotoxique et globalement à quelque chose de concret. Londres n'a pas réagi à cette exigence de respecter les normes internationales.
Ancien colonel du GRU, service de renseignement militaire russe, Sergueï Skripal a été recruté comme agent double par les services secrets britanniques en 1995. Il a fourni au MI6 les noms de plusieurs dizaines d'agents opérationnels russes sur le sol européen avant d'être démasqué en 2004 puis condamné en 2006 à 13 ans de prison pour haute trahison. Gracié en 2010, il a été livré aux États-Unis aux côtés de trois autres personnes reconnues coupables d’espionnage au profit de Washington, dans le cadre d'un échange qui avait permis à Moscou de rapatrier 10 agents dormants. L'homme vit depuis au Royaume-Uni.