Alors que le Salon du Livre à Paris met à l'honneur la Russie, Emmanuel Macron a décidé, lors de son inauguration, de ne pas visiter le stand russe. Décision de la dernière minute, dans la foulée de la toute récente prise de position de la France dans «affaire Skripal»: le jour même du coup d'envoi de ce rendez-vous emblématique entre auteurs, éditeurs et lecteurs, Paris, Berlin et Washington ont estimé dans un communiqué commun avec Londres que la responsabilité russe était la seule explication «plausible» à l'empoisonnement de l'ex-espion russe Sergueï Skripal.
«L'histoire qui attire tant d'attention aujourd'hui n'est encore claire pour personne. Les représentants russes demandent aux Anglais des explications et des documents pour être prêts à participer à l'enquête. Hélas, nous ne voyons pas de réponse adéquate. Nous ne voyons que de la grossièreté. Par exemple, les déclarations du ministre britannique de la Défense, que je découvre dans la presse, m'ahurissent. En tant que diplomate de l'école traditionnelle, je considère qu'on devrait se maîtriser en toutes circonstances.»
Ainsi, l'actualité a-t-elle porté un coup dur à l'euphorie des premiers jours de la présentation de du Dialogue du Trianon en France. La conférence sur la «Ville de futur» à Cannes, la présence russe sur le Salon du Livre et la Table ronde sur les relations franco-russes au Centre spirituel et Culturel Russe représentent les trois événements directement issus de cette plateforme.
«Bien sûr, ils le font. Mais je suis optimiste et je pense qu'à ce genre de moments difficiles qui surgissent de temps en temps, il est essentiel que les deux parties étudient ensemble et impartialement ce qui s'est passé et pourquoi. Et surtout: comment s'en sortir de cette situation. Y compris comment s'en sortir au niveau de l'image.»
Anatoly Torkounov se refuse à spéculer sur qui, des Britanniques ou des Russes, va souffrir plus en termes d'image, puisqu' «il n'y a aucune preuve sérieuse qui relierait les structures officielles russes à cet accident dramatique au Royaume-Uni.» Ce qui ne l'empêche pas de voir le futur du Dialogue du Trianon avec optimisme:
«Je pense que le bon sens prévaudra dans les relations entre la Russie et la France. On doit garder le rythme de ces relations, le rythme atteint grâce aux efforts de nos Présidents, ainsi que du ministère des Affaires étrangères et de la société civile.»
«Quoi qu'il arrive, nous devons coopérer, nous devons être amis, nous devons même nous aimer les uns les autres. C'est la seule possibilité de survie! Il n'y a pas d'autre option. Le monde d'aujourd'hui est si fragile. Cette fragilité augmente chaque année. Sans efforts communs et compréhension commune, nous disparaîtrons tous ensemble. N'oublions pas que nous avons tous des enfants, des petits-enfants… nous-mêmes, nous voulons encore vivre et travailler.»