D'après l'ancien agent du SVR, les accusations britanniques contre Moscou qui, selon Londres, aurait empoisonné Sergueï Skripal, ex-agent de la Direction générale des renseignements (GRU), ne sont absolument pas fondées.
Sergueï Skripal ne représentait aucune menace pour la Russie pour plusieurs raisons, estime le colonel. Depuis 2010, Skripal habite au Royaume-Uni et ne possède aucune information secrète à l'égard de la Russie. De plus, les personnes comme Sergueï Skripal sont toujours surveillées par les services locaux. En outre, il avait été emprisonné en Russie pendant quatre ans et personne ne l'aurait libéré s'il représentait une menace.
«Soit il [Skripal, ndlr] a oublié l'essentiel (les adresses, les coordonnées), soit il l'a dévoilé il y a longtemps. Dans certains cas, il pouvait renseigner les services secrets britanniques concernant des questions générales, mais il y a plusieurs experts pareils en Occident et notamment au Royaume-Uni.»
En outre, poursuit l'ancien du SVR, Skripal se trouvait sous surveillance du MI-5 alors qu'il travaillait avec MI-6: personne n'aurait jamais décidé de prendre le risque de le liquider.
Et de poursuivre:
«Mais, si Moscou répond, l'affaiblissement de leur appareil en Russie ne les préoccupe pas, parce qu'ils rencontrent des agents civils russes principalement à l'étranger ou par le biais des moyens techniques modernes, dont internet.»
Les mesures les plus probables que la Russie peut prendre pour répondre au Royaume-Uni? Selon l'ex-colonel, le ministère russe des Affaires étrangères expulsera une vingtaine de personnes. À long terme, cela peut mener à la rupture des relations russo-britanniques.
«L'imposition de sanctions unilatérales et non légitimes, comme pour l'Ukraine, est possible à la veille de la présidentielle russe, ainsi que compte tenu du mécontentement de l'Occident de la situation dans la Ghouta orientale, où l'armée syrienne repousse leurs alliés.»
«On a l'impression que les Américains n'ont plus de raisons pour imposer de nouvelles sanctions [à l'encontre de la Russie, ndlr] et ils ont fait une demande à leurs alliés stratégiques avec qui ils débattent de tous les problèmes importants (notamment l'Irak, la Corée du Nord, la Syrie etc). C'est peu probable que les professionnels des services secrets y croient.»
En ce qui concerne la réduction de la délégation britannique au Mondial 2018 qui se tiendra en Russie, «c'est une affaire de principe», estime le colonel. D'après lui, ceci rappelle la situation avant les JO à Sotchi lorsque les médias occidentaux mainstream diffusaient des informations négatives sur les conditions pour les sportifs à Sotchi, bien avant la cérémonie d'ouverture des JO.