Critique d’Erdogan à l’endroit de l’Otan: un reproche ou un appel à l’action?

© REUTERS / Umit Bektas Recep Tayyip Erdogan
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Recep Tayyip Erdogan a sévèrement critiqué l'Otan, que la Turquie a rejointe en 1952, en lui reprochant notamment de ne pas soutenir l'opération militaire lancée par Ankara contre des milices kurdes YPG à Afrine, en Syrie. Des politologues turcs ont commenté les propos du Président de leur pays pour Sputnik.

Les paroles amères prononcées par Recep Tayyip Erdogan à l'endroit de l'Alliance atlantique ne sont qu'un reproche, a estimé Can Ünver, spécialiste des questions de sécurité, dans un entretien accordé à Sputnik.

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«À mon avis, les propos tenus par le Président turc représentent plutôt un reproche à l'endroit de l'Otan et non un appel à l'action. Membre de l'Alliance depuis1952, la Turquie honore strictement ses engagements dans le cadre de l'Alliance. Par le passé, l'armée turque s'est rendue en Afghanistan, en Somalie et dans les Balkans pour soutenir l'Otan. Aussi, dans les conditions actuelles, Erdogan reproche-t-il à l'Alliance son inaction», a déclaré l'interlocuteur de l'agence.

Et d'expliquer que dans sa lutte contre le «terrorisme» la Turquie n'avait pas été soutenue par l'Occident. Recep Tayyip Erdogan reprochait par ailleurs à Washington d'armer les YPG.

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«Qui plus est, les pays occidentaux avec les États-Unis à leur tête soutiennent les organisations "terroristes" représentant une menace à la sécurité de la Turquie», a poursuivi l'expert.

Un autre interlocuteur de Sputnik, Cahit Armagan Dilek, directeur de l'Université «La Turquie au 21e siècle», a supposé qu'en critiquant l'Otan, le Président Erdogan voudrait que l'Alliance intervienne contre le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et les Unités de protection du peuple kurde (YPG).

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«Quoi qu'il en soit, l'Otan ne voit pas de menace en PKK et n'entend pas par conséquent lutter contre celui-ci. Aussi, serait-il inutile de s'attendre à ce que l'Alliance intervienne contre le PKK et le Parti de l'union démocratique (PYD) que pratiquement aucun pays du monde ne reconnaît comme terroriste», a résumé le politologue.

La Turquie a déclenché le 20 janvier une opération militaire dans la région d'Afrine dans le nord de la Syrie, à proximité de la frontière turque, avec pour objectif d'en déloger les milices kurdes YPG. Pour les autorités turques, les YPG sont des «terroristes» et une émanation du PKK engagée dans une sanglante guérilla sur le sol turc depuis 1984.

Mais les YPG sont des alliées des États-Unis dans la lutte contre Daech* et l'offensive de l'armée turque a crispé les relations entre Ankara et Washington, ainsi qu'avec des membres de l'Otan, comme la France.

*Daech est une organisation terroriste interdite en Russie

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