Mardi 6 mars, la plus grande catastrophe aérienne de toute la campagne russe en Syrie s'est produite à la base aérienne russe de Hmeimim: le ministère de la Défense a rapporté qu'un An-26 s'était écrasé au moment de l'atterrissage. Selon RBC.
Les militaires supposent un dysfonctionnement
Un groupe d'enquête a été formé pour mener l'investigation sur ce crash, à laquelle une commission du ministère de la Défense participe également. Le service de presse du parquet militaire ajoute avoir organisé une vérification suite au crash de l'An-26. Le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou a rendu compte du crash au président russe Vladimir Poutine, a indiqué le porte-parole du président Dmitri Peskov.
A titre de version préliminaire, le ministère invoque une défaillance technique de l'avion.
Selon le Comité d'enquête russe, l'avion effectuait un vol planifié au-dessus du territoire syrien. D'après les informations préalables, il a percuté le sol à 500 m de l'aéroport de Hmeimim. Une enquête pénale a été ouverte en vertu de l'article 351 du Code pénal (infraction des règles de vol entraînant des conséquences graves). «C'est un article standard pour ce genre de cas», explique Alexandre Romanov, spécialiste de la sécurité des vols.
Au moment de la catastrophe, le chef de l'état-major des armées Valeri Guerassimov se trouvait à la base syrienne de Hmeimim, selon une source du ministère. D'après cette dernière, il n'était pas présent à bord de l'avion qui s'est écrasé.
Au sein de l'armée de l'air russe, l'An-26 représente le principal moyen de transport et participe également aux opérations de recherche et de sauvetage. «C'est un appareil assez répandu et fiable. Il est très confortable et simple à manœuvrer», témoigne l'ancien pilote militaire Vitali Sokolovski.
«De par mon expérience, je peux dire que l'An-36 est un avion de transport militaire fiable. Il affiche d'excellentes caractéristiques techniques. Et il passe une révision obligatoire avant le décollage. Quoi qu'il en soit, il est trop tôt pour dire quelque chose à chaud. Avant de tirer des conclusions sur les causes du crash, il faut mener une expertise et enquêter sur l'événement», a déclaré Viktor Bondarev, ex-commandant de l'armée de l'air russe et président du Conseil de la Fédération (chambre haute du parlement russe) pour la défense et la sécurité.
L'expert militaire et colonel de réserve Andreï Paioussov suppose que le facteur humain pourrait être la cause de l'incident.
Il rappelle que l'An-26 est un avion réduit. En général, avant le décollage, le mécanicien de bord installe les passagers de manière équilibrée sur les côtés, tandis que les sacs et le fret restent au centre — sinon le déséquilibre pourrait faire basculer l'avion, explique Andreï Paioussov. «La vitesse de l'avion est réduite: près de 450-500 km/h en fonction de la direction du vent, pendant un vol à une altitude de 5-7 km. Et au moment de l'atterrissage elle est encore plus basse — 120-150 km/h. Il faut savoir qu'à 500 m de la piste d'atterrissage, l'avion amorce déjà l'atterrissage à ras du sol, et même en cas de panne des moteurs il peut planer et atterrir sur le «ventre». Certes, le train sera désintégrera, mais l'avion ne sera pas considérablement touché, qui plus est à basse vitesse», poursuit l'expert. Peut-être que l'avion a tenté d'atterrir avec une «approche afghane», c'est-à-dire presque à la verticale, et à l'étape finale les pilotes n'ont pas réussi à maintenir l'appareil au-dessus du sol. Soit, admet l'expert, le pilote a dû manœuvrer brusquement pour une certaine raison avant l'atterrissage, mais la poussée des moteurs et la vitesse ne suffisaient plus pour manœuvrer.
L'An-26 à hélices connaît souvent des dysfonctionnements de moteur, affirme un pilote qui a manié l'An-26 dans la zone des opérations. «Quand un moteur tombe en panne avant un atterrissage, les pilotes activent le système de mise en drapeau, qui permet d'atterrir en planant», explique le pilote. Quand l'hélice est mise en drapeau elle tourne librement sous l'effet du flux aérien sans créer de résistance. Mais dans l'impossibilité de placer les hélices dans cette position, l'avion pourrait manquer d'altitude pour arriver jusqu'à la piste d'atterrissage, précise l'expert.
Si un moteur est tombé en panne et que la mise en drapeau a été retardée, cela a pu entraîner la catastrophe, déclare le général Vladimir Popov, pilote émérite. «La vitesse étant déjà basse et le sol très proche, toute inclinaison de l'appareil peut conduire au crash», affirme le pilote. «C'est une situation typique pour l'An», souligne Vladimir Popov.
D'après Vitali Sokolovski, on ne peut pas comparer la catastrophe actuelle de l'An-26 au crash de l'An-148 dans la région de Moscou le 11 février. «Ce sont deux avions complètement différents — leurs systèmes de navigation et de pilotage et les moteurs sont différents», explique-t-il.
La Russie a lancé l'opération militaire en Syrie en septembre 2015. Fin décembre 2017, le président russe Vladimir Poutine a ordonné le retrait des troupes de Syrie. Après cela, les terroristes ont perpétré plusieurs attaques contre les sites et les forces militaires russes. En particulier, la nuit du Nouvel an, les terroristes ont attaqué la base aérienne de Hmeimim avec huit drones. Une autre attaque de drones a été lancée dans la nuit du 5 au 6 janvier. L'attaque ne visait pas seulement la base de Hmeimim, mais également le site logistique de la marine de Tartous. Dans la soirée du 3 février, les terroristes ont abattu un Su-25 russe dans la province d'Idleb. Son pilote Roman Filippov s'est éjecté mais il a été tué dans l'affrontement contre les terroristes au sol.
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