«C'est une vraie volonté de considérer les militants syndicaux comme des délinquants. Et quand je vois un certain nombre de vrais délinquants, je pense aux délinquants financiers qui sont amnistiés et qu'on oublie les fautes qu'ils ont commises, on voit bien qu'il y a deux poids, deux mesures, entre ceux qui luttent contre le chômage et ceux qui l'accentuent en spéculant, en boursicotant.»
Les douze ex-salariés impliqués ont déjà été jugés en première instance pour violences et dégradations, pour certains à des peines de prison en sursis, d'autres à des amendes à hauteur de 500 euros. Ces peines ont été prononcées suite à la manifestation du 5 octobre 2015 devant le siège de la compagnie aérienne Air France. En effet, la mobilisation syndicale avait alors dégénéré lorsque les grévistes avaient envahi le comité central d'entreprise, tandis que la direction devait annoncer la suppression de 2.400 emplois.
Un procès en appel qui n'est pas du goût d'Air France puisque dans un communiqué envoyé à l'AFP, l'entreprise indiquait «regretter que ce procès se poursuive, imposant à toutes les victimes de se replonger dans ces évènements, qui ont été choquants pour tous.» Selon la compagnie aérienne, le jugement du tribunal de Bobigny «qui a condamné sans ambiguïté les violences, était un jugement mesuré». Il aurait dû «permettre de tourner la page du triste épisode des violences.»
Des déclarations que Philippe Martinez fustige, car pour lui «ce sont toujours les mêmes qui sont visés, c'est-à-dire ceux qui organisent la riposte, ceux qui organisent la lutte que ce soit chez Air France, chez PSA, chez GM & S ou dans bien d'autres entreprises.»
«Ce procès, il faut le remettre dans son contexte. C'est l'annonce de 2.400 suppressions d'emploi dans le groupe Air France. C'est-à-dire 2.400 personnes et leurs familles qui vont être soumises au chômage, à la précarité, à la rue parfois. Au lieu de dénoncer cette violence patronale, de la condamner. On condamne ceux qui ont manifesté, qui se sont défendus.»
Et d'ajouter,
«On veut pointer du doigt surtout ceux qui organisent ces mobilisations […] Il est temps d'arrêter cette criminalisation de l'action syndicale. Ceux qui prônent le dialogue à longueur de journée veulent un syndicalisme à leur botte. à chaque fois qu'il y en a qui cherchent à se défendre et bien voilà où ils finissent: au tribunal. C'est proprement scandaleux!»
«Le gouvernement essaie d'impressionner ceux qui ne se laissent pas faire, ceux qui proposent des alternatives. La meilleure réponse que l'on peut avoir c'est de continuer les mobilisations» conclut le syndicaliste.