Selon Washington, Moscou serait un «pompier pyromane» en Syrie… vraiment?

© Sputnik . Hikmet DurgunRaqqa
Raqqa - Sputnik Afrique
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«Extrêmement déstabilisant», tel serait le rôle de la Russie en Syrie d’après le Commandant en chef des forces américaines au Moyen-Orient. Devant le Congrès, il a accusé Moscou d’entretenir le chaos en Syrie afin d’y préserver ses propres intérêts, au détriment de ceux de Washington. Retour sur un discours qui, venant des US, interpelle…

Quel pays entretiendrait volontairement le chaos en Syrie afin d'y asseoir ses intérêts? Pour le général Joseph Votel, commandant des forces américaines au Moyen-Orient (CENTCOM), la réponse semble toute trouvée, à en croire ses propos tenus le 27 février devant le Congrès américain et cités par l'agence Associated Press,

«Je suis très sérieux quand je dis qu'ils [les Russes, ndlr] jouent à la fois le rôle d'incendiaire et de pompier, ceux qui alimentent les tensions et essaient ensuite de les résoudre en leur faveur.»

Lors de son audition devant la Commission des forces armées de la Chambre des représentants des États-Unis (House Armed Services Committee) ce général quatre étoiles, responsable de la coordination de l'effort de guerre américain en Afghanistan, en Iraq ainsi qu'en Syrie, a ainsi expliqué que hormis le fait de ne pas suivre le programme de la «communauté internationale», la Russie était responsable de l'allongement sans fin du conflit en Syrie, notamment afin d'y contrer l'influence américaine.

«Moscou jour à la fois le rôle de pyromane et celui de pompier, en attisant le conflit entre le régime syrien, les YPG [la milice kurde alliée des États-Unis, ndlr] et la Turquie, et affirmant ensuite jouer un rôle d'arbitre pour résoudre le conflit»,

Aurait-il déclaré, selon l'AFP. Pour lui, la Russie «doit admettre» qu'elle est incapable ou ne souhaite pas jouer un rôle constructif dans la fin de la guerre multidimensionnelle en Syrie.

Preuve flagrante de la mauvaise foi russe selon lui, l'incapacité de Moscou à imposer le cessez-le-feu quotidien à la Ghouta orientale, auquel a appelé Vladimir Poutine, entre forces loyalistes et «groupes armés rebelles»- comme les dénomment les médias occidentaux- que sont les djihadistes de Tahrir Al-Cham (émanation d'Al-Qaida), Jaysh al-Islam ou encore Faylaq al-Rahmane et Ahrar Al-Cham.

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Des groupes, qui comme le soulignent les officiels russes présents sur place (Centre russe pour la réconciliation des parties en conflit), violent régulièrement les cessez-le-feu en attaquant les positions de l'armée syrienne et en pilonnant au mortier le corridor d'évacuation destiné aux civils. Par ailleurs, comment le souligne Le Monde, la Russie a tenté ces six derniers mois de trouver une issue pacifique à cette situation critique des quartiers de la banlieue orientale de Damas, en concertation avec des opposants ainsi que des membres des groupes armés occupant la Ghouta.

Mais mise à part la situation humanitaire à la Ghouta orientale, richement médiatisée en Occident ces dernières semaines (6 ans après la capture de ces quartiers par les groupes salafistes), un point ne peut que nous interpeller, celui des tensions entre Kurdes, Turcs et Syriens.

In this photo taken on Sunday, Oct. 18, 2015, a Syrian flag flies above the village of Maaloula, north of Damascus, Syria - Sputnik Afrique
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En effet, la semaine dernière était publiée une série d'articles où il était notamment question d'un télégramme diplomatique (TD) de l'ambassade britannique à Washington ayant circulé lors de la conférence annuelle internationale de Munich sur la Sécurité et sur lequel revenait le géopolitologue Richard Labévière. À notre micro, il revenait sur la décision de Washington de créer une «force de sécurité frontalière» (BSF) constituée de près de 30.000 supplétifs kurdes.

«Les US refus [ent] leur échec en Syrie et ils continueront leur effort de guerre»,

déclarait Richard Labévière, afin de nous résumer en substance le message du TD, qualifiant sans détour les États-Unis d'être les «pompiers pyromanes». Il soulignait la volonté américaine de poursuivre leur plan de scission de la Syrie et de saborder les efforts de paix d'Astana (auxquels les Américains, conviés, n'ont pas activement pris part) chapeautés par la troïka Ankara, Moscou et Téhéran.

«Quand les Américains avaient annoncé la création de leurs forces frontalières de supplétifs kurdes, c'était évidemment avant Sotchi pour appuyer sur le bouton rouge d'une nouvelle intervention turque, sachant que cette annonce provoquerait une nouvelle intervention turque et empêcherait ainsi les représentants kurdes de se rendre à Sotchi, ce qui avait pourtant été décidé avec l'aval des Turcs.»

Pour rappel, l'annonce par les autorités américaines de la création de cette BSF eut lieu le 14 janvier, le 20 l'armée turque lançait l'opération «Rameau d'Olivier» contre les provinces kurdes du nord de la Syrie. Des provinces qui coïncident- étonnamment- avec l'emplacement des réserves d'hydrocarbures du pays. Des richesses souterraines qui seront indispensables au redressement économique du pays une fois la guerre terminée.

Le 1er mars, Alexandre Venediktov, secrétaire adjoint du Conseil de sécurité de la Russie sur la sécurité internationale, avançait que les États-Unis auraient déjà installé «environ 20 bases militaires» dans les territoires contrôlés par les Unités de protection du peuple (PYD).

Sûrement pour éteindre quelques incendies…

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