Le 5 février, la Russie et les États-Unis ont fait savoir qu'ils ont achevé les réductions de leurs arsenaux nucléaires en conformité avec l'accord New START signé par les Présidents Medvedev et Obama en 2010. Ce document qui est à la base de la stabilité stratégique dans les relations russo-américaines doit expirer en 2021. Les deux parties ne se sont pas encore entendues pour entamer les discussions concernant sa prolongation ou pour finaliser un nouveau document. De nombreux experts craignent que la fin du New START ne se traduise par l'érosion des fondements de la sécurité internationale.
Alexeï Arbatov, membre de l'Académie des sciences de Russie, a indiqué lors d'une conférence consacrée à l'analyse de nouveaux documents stratégiques américains que l'expiration du New START pouvait conduire à l'«écroulement» de l'ensemble du système des accords internationaux en matière du contrôle d'armement, dont le traité sur la non-prolifération des armes nucléaires. Selon lui, cela risque de créer un «vide» dans le système de la sécurité mondiale.
«Cette future course à l'armement contrairement à celle de la guerre froide concernerait non seulement les armes nucléaires offensives mais aussi celles défensives tant stratégiques que conventionnelles. Cette course à l'armement ne serait pas bilatérale, mais multilatérale», estime l'expert russe.
Parmi les pays qui peuvent être impliqués dans cette nouvelle «compétition» M.Arbatov a cité la Chine, l'Inde, le Pakistan, Israël, la Corée du Nord et l'Iran.
Un nouveau «New START»?
Néanmoins, M.Arbatov a souligné que l'adoption d'un nouveau traité serait préférable puisque la prolongation de celui actuel pouvait mener à la «stagnation» du processus de réduction du nombre d'armes nucléaires.
«Le traité actuel prévoit la vérification des conditions du traité SORT [le traité de réduction des arsenaux nucléaires stratégiques, ndlr] signé en 2002… Et si nous continuons à vivre avec un traité qui aura 25 ans, cela serait une sorte de stagnation», a-t-il expliqué.
Les obstacles, sont-ils insurmontables?
La possibilité de l'élaboration d'un nouveau traité semble buter contre de nombreux obstacles. Tout d'abord, il s'agit des doutes concernant le respect du traité actuel. Dans un communiqué consacré à la réalisation du New START, le ministère russe des Affaires étrangères a fait part de ces craintes à propos du potentiel américain de rétablir leur arsenal nucléaire.
«Nous remarquons que les USA ont atteint les chiffres établis par le Traité non seulement grâce à la réduction réelle des armements, mais également grâce au rééquipement d'une partie des vecteurs de MSBS [mer-sol balistique stratégique, ndlr] Trident-II et des bombardiers lourds B-52H de manière à ce que la Russie ne puisse pas confirmer si ces armes stratégiques sont dans un état inapproprié pour l'usage de MSBS et de l'armement nucléaire de bombardiers lourds», lit-on dans ce document.
Pour le moment, les deux parties confirment leur attachement au New START, en admettant qu'il rend les relations stratégiques russo-américaines plus stables, transparentes et prévisibles. L'histoire des négociations bilatérales sur les armes stratégiques date d'un demi-siècle. Le premier traité sur la limitation des armes stratégiques (SALT) a été signé par les États-Unis et l'URSS en 1972. Une vingtaine d'années plus tard, en 1991, les deux pays ont conclu un accord prévoyant non seulement la limitation mais aussi la réduction de leurs arsenaux nucléaire (START-1). Depuis ce moment, ils ont réduit le nombre de leurs armes stratégiques environ par quatre.