L’Europe sans la Russie n’est pas l’Europe, mais la Russie coupée de l’Europe n’est pas la Russie non plus et il faut mettre fin à la situation actuelle portant préjudice à son intégration dans le continent européen, a déclaré jeudi à Sputnik, Yves Rossier, ambassadeur de Suisse en Russie.
Les pays européens, y compris la Russie doivent travailler ensemble
«La Russie c’est l’Europe aussi, il y a une complémentarité naturelle économique, sociale, culturelle entre la Russie et le reste de l’Europe. Je crois que la situation actuelle entre les Européens n’est pas bonne […]. L’Europe sans la Russie n’est pas l’Europe. Mais la Russie coupée de l’Europe n’est pas la Russie non plus. Il y a là une situation qui n’est pas naturelle», a indiqué M.Rossier commentant un récent sondage selon lequel les habitants de trois pays européens dont la France ne considèrent pas la Russie comme faisant partie de l’Europe.
«Pris isolément, les États européens, même la Russie, […] ne sont pas assez puissants. Donc ils doivent travailler ensemble», a noté M.Rossier, précisant qu’il ne parlait pas de l’aspect militaire ou culturel, mais de l’aspect purement économique.
Place de la Russie dans la civilisation européenne
«Vous prenez votre littérature du XIXe siècle qui est une littérature absolument magnifique et qui s’est poursuivie d’ailleurs après, parce qu’au XXe siècle vous avez des auteurs exceptionnels. Ce sont des auteurs très russes […], mais lorsque vous les lisez, vous avez affaire à cette universalité qui est celle de la condition humaine. Moi, je connais un Tchitchikov, je connais un Bazarov et je connais même aux affaires étrangères plusieurs Smerdiakov. C’est quelque chose de tout à fait universel», a-t-il noté.
L’histoire d’amour entre l’Europe et la Russie reviendra
Le diplomate a rappelé qu’avant la révolution russe de 1917, il y avait une histoire d’amour entre la Russie et le reste de l’Europe: tout le monde allait en Russie, on ouvrait des restaurants russes, on lisait les auteurs russes, on prêtait de l’argent aux Russes, etc.
«Je suis persuadé que cette phase va revenir. Mais nous sommes aujourd’hui dans une situation qui n’est pas naturelle et qui prétérite les intérêts de tout le monde, les intérêts de la Russie mais aussi les intérêts des autres Etats européens», a estimé M.Rossier.
Contribution suisse au rétablissement des liens entre la Russie et le reste de l’Europe
D’après l’ambassadeur Rossier, ce n’est «pas la Suisse qui peut donner des ordres» lorsqu’il s’agit des relations entre la Russie et le reste de l’Europe».
«La Suisse par sa politique de maintien du dialogue, de travail à la recherche de solutions essaie de travailler pour que cette situation qui n’est pas naturelle dure le moins longtemps possible et soit la moins douloureuse possible. C’est tout ce que nous pouvons faire et c’est ce que nous faisons», a-t-il déclaré.
Revenir aux vraies valeurs européennes
«Bien sûr que la Russie est différente de la France, mais la Suède est aussi différente de la Grèce, le Portugal est différent de l’Estonie. Ce sont ces différences qui réunissent l’Europe et dans cette Europe qui un jour, j’en suis convaincu, sera réunie, la place de la Russie est une place extrêmement importante.»
Selon M.Rossier, les Européens sont tout à fait en mesure de construire leur avenir de leurs propres mains, il suffit de se mettre au travail.
«L’historien français Raymond Aron a dit: le principal moteur de l’histoire, c’est l’usage que les hommes font de leur liberté. Ce sont les décisions qui sont prises par les Russes, par les Allemands, par les Suisses et par les Français qui sont déterminantes», a conclu l’ambassadeur.