«L'Algérie est l'un de nos principaux partenaires en Afrique et dans le monde musulman», a déclaré la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères Maria Zakharova, le 15 février, annonçant le déplacement du ministre algérien.
Abdelkader Messahel a mené des discussions de haut niveau avec son homologue russe, Sergueï Lavrov, puis avec le secrétaire du Conseil de sécurité (CSFR) Nikolaï Patrouchev et, enfin, avec le vice-président du Conseil de la Fédération (chambre haute du parlement russe), Ilias Oumakhanov. Lors de ces entretiens, les questions de partenariats stratégiques concernant la coopération militaro-technique, scientifique, énergétique, industrielle et culturelle ont été abordées. La visite du ministre algérien est aussi une occasion d'évoquer les questions internationales et régionales d'intérêt commun, comme la situation en Syrie, en Libye, la question du Sahara occidental, la question palestinienne et la lutte contre le terrorisme et la radicalisation, sur lesquelles la Russie et l'Algérie sont en parfait accord, selon un communiqué du ministère algérien des Affaires étrangères.
La coopération militaro-technique, fer de lance du partenariat stratégique
En effet, selon l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SPIRI), l'ensemble des contrats passés avec la Russie en deux ans, entre 2006 et 2007, année pour laquelle l'Algérie a été classée comme le premier client importateur d'armes russes, s'élève à un montant total de 15 milliards de dollars. La livraison de la totalité des commandes se finalisera entre 2015 et 2020. En 2011, selon la même source, l'Algérie a acheté des dispositifs de missiles, anti-missiles, de défense aérienne, des chars et des avions d'entraînement pour un montant de 13 milliards de dollars. Deux sous-marins, de classe Kilo, ont également été commandés en 2013.
Suite à cette coopération dans le domaine militaire, qui s'intensifie de plus en plus, l'Algérie est devenue le troisième client en matière d'achat d'équipement militaire de la Russie, derrière l'Inde et la Chine, avec 80% d'armes d'origines russes.
L'économie, l'énergie et le nucléaire civil, les champs de développement du futur
En septembre 2017 s'est tenue à Alger la 8e session de la Commission de coopération économique, commerciale, scientifique et technique russo-algérienne. Lors de cette rencontre, le ministre algérien des Finances, Abderrahmane Raouya, a expliqué, s'adressant à la partie russe dirigée par le ministre de l'Énergie, Alexandre Novak, que la dynamique enregistrée dans le partenariat entre les deux pays, notamment dans les secteurs des hydrocarbures et du nucléaire civil, devrait être élargie à d'autres domaines.
«Nous devons poursuivre notre action commune pour aller au-delà des secteurs actuels de coopération et nous souhaitons la diversification de notre partenariat stratégique», a affirmé le ministre algérien dont les propos ont été cités par le quotidien économique algérien en ligne AlgérieECO, tout en exprimant son optimisme quant à l'avenir du partenariat entre l'Algérie et la Russie: «Cet optimisme, je le tire de nos experts et du dynamisme des chefs d'entreprises des deux pays».
À l'issue de cette rencontre, selon le journal économique algérien Le Maghreb, huit accords de coopération dans les secteurs de l'énergie, des mines, de l'industrie, du transport maritime, des ressources en eau, de la formation et de la santé ont été annoncés par les deux ministres, dont la signature était prévue lors de la visite du Premier ministre russe, Dmitri Medvedev, à Alger le 10 octobre 2017. Ceci, en plus d'autres contrats en phase de négociation et de finalisation dans les domaines de la mécanique, de l'agro-alimentaire et de la logistique.
«Nous voulons, à court et à moyen termes, profiter d'une conjoncture internationale favorable pour placer nos produits agricoles et agro-alimentaires sur le marché russe qui reste très demandeur et très porteur pour les produits algériens, mais les objectifs à long terme, reste de pouvoir créer, ici en Algérie et en Russie, des entreprises mixtes», a souligné Ouahiba Behloul, directrice générale de la Chambre algérienne de commerce et d'industrie (CACI), citée par l'Algérie Presse Service.
De son côté, Alexandre Novak, tout en allant dans le même sens que Mme Behloul, concernant la nécessité de construire des sociétés mixtes, a confirmé l'ouverture du marché russe aux produits agricoles algériens. Pour le ministre russe, cité par Le Maghreb, l'Algérie prend une place de «leader» parmi les partenaires de la Russie en Afrique et dans le monde entier, précisant que les échanges commerciaux, entre les deux pays, avaient doublé en 2016 par rapport à 2015, alors qu'ils étaient en progression de 30% en 2017 par rapport à l'année précédente.
Les deux pays ont aussi signé un accord nucléaire en 2014, pour le développement et l'utilisation de l'énergie atomique à des fins pacifiques. L'agence russe Rosatom a annoncé que l'Algérie projetait la construction d'une centrale nucléaire avec un réacteur à eau pressurisée vers 2025.
Une action concertée sur les questions internationales
«Nos pays prônent la garantie de la stabilité et de l'équilibre des intérêts dans les relations internationales, le renforcement du rôle central de l'Onu, et le respect des normes et des principes fondamentaux du droit international, notamment le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes sans ingérence extérieure. Nos approches se rejoignent, par exemple sur la Syrie et la Libye», a déclaré, le 15 février, Maria Zakharova.
En ce moment, les échanges entre la Russie et l'Algérie ont, selon la diplomate russe, dépassé les trois milliards de dollars hors contrats d'armements, et ils sont en voie d'accroissement, tâche à laquelle s'attellent les gouvernements des deux pays.
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