L'économie russe a résisté à ces sanctions, tout comme elle a résisté à l'effondrement des prix du pétrole. On a aussi affirmé que la politique économique russe, conçue pour résister à ces sanctions, allait conduire à une forte croissance. Cela n'a pas été le cas non plus. De fait, l'économie russe est dans une situation de faible croissance aujourd'hui. Il faut comprendre pourquoi.
Où en est l'économie russe?
De la fin 2014 au milieu de 2016 on a connu une baisse des revenus réels en Russie. Cette baisse est largement liée aux mouvements des prix des hydrocarbures. Elle a engendré à son tour une baisse de l'investissement, qui elle-même s'est traduite en une baisse de la production. Cette dernière a conduit à une nouvelle baisse des revenus réels. Ce mouvement descendant a néanmoins été brisé dans le cours de 2016. Les chiffres du revenu réel, puis ceux de l'investissement, puis ceux de la production se sont remis à progresser. Par ailleurs, le niveau de la dette publique est faible (17% du PIB), le chômage est resté modéré (il est redescendu à 5,2% de la population active), les réserves de change élevées (avec 449 milliards de dollars), et le taux de l'inflation a baissé à un niveau inconnu, 2,2%, depuis le début des années 1990. Par ailleurs, le prix des hydrocarbures s'est redressé, et il devrait se stabiliser entre 60USD et 68USD pour un baril. On peut donc considérer que les chiffres macroéconomiques sont bons, ce que ne manque pas de souligner le gouvernement.
Les raisons immédiates de la faible croissance
La politique budgétaire, elle, est modérément restrictive. La Russie a connu un déficit budgétaire de 2,2% en 2017. Cela reste faible, et ce d'autant plus que la dette publique est d'un niveau très inférieur aux niveaux de l'Europe et des Etats-Unis. En fait, la Russie a contenu le niveau de ses dépenses publiques, que ce soit en 2016 et en 2017.
De fait, on a le sentiment que les autorités freinent sur les deux leviers qui ont une influence sur la croissance. Dans ce contexte restrictif, un taux de croissance de 0,9% apparaît comme un bon résultat. Mais, bien évidemment, il est insatisfaisant si on le compare à l'objectif fixé par le gouvernement d'un taux de croissance de 4% qui serait nécessaire pour que la Russie puisse réellement achever le processus de modernisation dans lequel elle s'est engagé il y a de cela plusieurs années.
Le conflit entre deux politiques économiques
Or, l'économie de marché exige une cohérence dans les décisions. La demande, tant publique que privée, joue un rôle décisif dans les décisions économiques des agents (ménages et entreprises). Il y a donc aujourd'hui une incohérence qui freine ces décisions. De fait, l'amélioration des conditions de gestion au niveau microéconomique rend le problème de cette incohérence encore plus patent pour les décideurs économiques.
Le désajustement entre cette politique économique que l'on a appelée « sous-jacente » et la politique affichée par le gouvernement est aujourd'hui l'une des principales raisons de l'investissement relativement faible (par rapport aux besoins) en Russie. Elle inquiète les entrepreneurs privés qui, logiquement, ont tendance à adopter une attitude assez attentiste.
La réunification de la politique économique, la mise en cohérence des mesures monétaires et budgétaires avec les objectifs fixés par le gouvernement sera, à n'en pas douter, l'un des grands chantiers du futur gouvernement qui sera nommé après l'élection présidentielle.
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