Rouler ou se faire rouler. L'association 40 millions d'automobilistes prouve que la limitation de vitesse à 80 km/h ne réduit pas la mortalité routière. Pire, l'accidentalité aurait même augmenté avec la mise en place de l'expérimentation sur laquelle se base le gouvernement pour proposer sa réforme controversée.
Initié en 2015 par Bernard Cazeneuve, mise en œuvre en juillet de la même année, jusqu'en juin 2017, l'expérimentation à 80 km/heure a été réalisée sur 86 km de routes secondaires dans la Drôme, la Haute-Saône et entre la Nièvre et l'Yonne. «Comment, en effet, tirer, d'aussi faibles sections d'étude et sur une période aussi courte, un résultat qui soit éclairant?», s'interroge l'hebdomadaire, qui a eu connaissance en avant-première des résultats de l'enquête, pour le moins alarmants.
L'association a recensé tous les accidents de la circulation survenus entre le 1er janvier 2012 et le 31 décembre 2016 sur les 3 sections routières concernées par l'expérimentation de la baisse de la vitesse autorisée, grâce aux fichiers du Bulletin d'analyse des accidents corporels de la circulation (BAAC) du Ministère de l'Intérieur. « Des chiffres que le gouvernement s'est toujours refusé de donner», explique Pierre Chasseray à Ouest France.
Mais le gouvernement entend bien baisser la vitesse pour diminuer le nombre de morts, malgré le mécontentement des Français et de quelques politiques: il a officiellement annoncé, en janvier dernier, l'abaissement de 90 km/h à 80 km/h sur les routes secondaires à double sens.
«Nous en ferons le bilan dans deux ans. Si les résultats ne sont pas à la hauteur de nos espérances après deux années de mise en œuvre, le Gouvernement prendra ses responsabilités», a précisé Édouard Philippe lors de sa présentation à la presse, qui semble se fonder sur cette expérimentation, qui devait être «transparente, honnête et rigoureuse», mais qui est surtout cachée au public.