Les sources diplomatiques et les experts supposent qu'en se décidant à une aussi vaste expansion, l'UE compte maintenir son rôle de leader dans la région tout en réglant ses propres problèmes, écrit lundi le quotidien Kommersant.
Le choix de la Serbie et du Monténégro pour la visite de Johannes Hahn n'est pas dû au hasard: c'est seulement à ces deux pays que l'UE a établi un délai d'adhésion (2025) à condition de remplir des conditions très sévères. Pour les autres pays seule la perspective d'adhésion a été réaffirmée — sans aucun délai. Une promesse a été faite à l'Albanie et à la Macédoine d'entamer les négociations sur l'adhésion, à la Bosnie concernant son futur statut de candidate, et au Kosovo celle de «progresser sur la voie européenne».
15 ans après le sommet de Thessalonique en 2003, l'UE revient ainsi à sa promesse d'accueillir tous les pays des Balkans — même s'il semblait encore récemment qu'elle avait été oubliée et que l'adhésion de la Croatie en 2013 faisait plutôt figure d'exception. L'UE s'est enlisée dans ses propres problèmes et ses membres «matures» ne cachaient pas leur «indigestion» après plusieurs vagues d'élargissement. La direction actuelle de l'UE, qui a pris les rênes en 2014, déclarait d'ailleurs ouvertement que l'UE ne comptait pas accepter de nouveaux membres. Bruxelles a finalement choisi de rouvrir le thème de l'élargissement — et d'un élargissement très large — ce qui a été perçu dans les Balkans (et ailleurs) comme un grand pas vers l'adhésion à l'UE.
Officiellement, les autorités des pays des Balkans ont globalement salué la nouvelle stratégie. Le président serbe Aleksandar Vucic, après son entretien avec Johannes Hahn à Belgrade, a qualifié l'UE de «projet le plus réussi après la Seconde Guerre mondiale». Pour sa part, le premier ministre monténégrin Dusko Markovic a affirmé que son pays, considéré comme un leader de l'intégration européenne (le Monténégro est en négociations avec l'UE dans 27 domaines sur 33, et elles sont déjà terminées dans trois domaines), «pourrait adhérer à l'alliance avant 2025».
Seuls les dirigeants du Kosovo ont exprimé leur mécontentement. «La Stratégie de l'UE n'éclaire pas la question de l'adhésion du Kosovo, ce qui est injuste», a déploré le président Hashim Thaçi. Avant d'ajouter: «Mais nous n'allons pas désespérer et nous ferons tout ce que l'UE exige de nous».
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