«C'est juste la sémantique qui a changé, mais effectivement on est bien dans une police de proximité que l'on a connue il y a à peu près 20 ans. On revient à l'origine de la police de proximité qui avait été démantelée par Nicolas Sarkozy, qui était à l'époque ministre de l'Intérieur», analyseAxel Ronde, secrétaire général VIGI-CGT police IDF.
Jeudi 8 février, Gérard Collomb, le ministre de l'Intérieur a dévoilé sa nouvelle police de sécurité du quotidien (PSQ), devant 500 policiers et gendarmes réunis à l'École militaire. Au menu de cette présentation, notamment: la création de 10.000 postes de fonctionnaires de police sur le quinquennat, la suppression de tâches indues, qui entraînera le retour de 4.500 policiers sur le terrain, une action renforcée dans 60 quartiers de «reconquête républicaine» d'ici 2020. Touche de modernité, le numérique fait son entrée en force dans l'exercice des fonctions des agents de police grâce à la dotation de tablettes (110.000 unités) et de caméras-piétons (plus de 10.000).
Malgré ces efforts, la police de sécurité du quotidien ressemble à s'y méprendre à la police de proximité, instaurée en 1998 et supprimée en 2003, comme le souligne Eric Ciotti sur Twitter.
La police de la sécurité du quotidien est un retour en arrière. C’est le retour de la police de proximité, qui ne résout en rien les problèmes d’insécurité #ITVJ-1 @ygoosz
— Eric Ciotti (@ECiotti) February 7, 2018
Pour Axel Ronde, secrétaire général VIGI-CGT police IDF, la police de sécurité du quotidien va se heurter à la réalité du terrain, notamment au manque de moyens de tous les acteurs de la chaîne judiciaire: «Cette police du quotidien ne pourra arriver à maturité que lorsqu'elle aura assez d'effectifs et quand on donnera aussi des moyens à la Justice. Parce que la justice, on n'en parle pas, mais elle est aussi sinistrée en France. Elle a du mal à mettre en place des procédures parce qu'elle aussi en sous-effectif. C'est tout le service public qui doit être réformé.»
«Malheureusement, je pense que ça va être une coquille vide. Je sais que le ministre est quelqu'un de volontaire, nous avons un bon ministre, mais malheureusement il n'est que ministre de l'Intérieur. Au-dessus, il y a des contraintes budgétaires et je crains que ces contraintes budgétaires ne signent l'échec de cette police de proximité» déclare le syndicaliste.
Pour certaines personnalités politiques, comme Valérie Boyer, secrétaire générale adjointe Les Républicains, cette PSQ est une nouvelle opération de communication du gouvernement.
#PoliceSecuriteQuotidien: Une fois encore, le Gouvernement ne va pas au bout des réformes et se contente de faire de la communication! #PSQ pic.twitter.com/2h2k1WaN4h
— Valérie Boyer (@valerieboyer13) February 8, 2018
Par ailleurs, une des missions de la police de sécurité du quotidien sera la «reconquête républicaine» des zones de non-droit. En effet, le locataire de la place Beauvau prévoit de déployer la PSQ dans 30 quartiers difficiles d'ici janvier 2019, pour atteindre le chiffre de 60 à la fin du quinquennat. Néanmoins, cette mesure reste un effet d'annonce, selon Axel Ronde.
Police de sécurité du quotidien: quels sont les départements et quartiers concernés ? https://t.co/yoTqcOQvWk pic.twitter.com/kgwVHGd0GS
— Les amis du blog Police & Réalités (@PoliceRealites) February 8, 2018
«Cela fait 20 à 25 ans que l'on entend toujours la même chose. Nous ce que l'on veut, c'est une police de policiers et non pas une police de politiciens. Nous voulons que la Police puisse agir en tant que telle et qu'elle ne soit plus au service d'ambitions politiques de certains politiciens. Nous voulons une police d'État, une police républicaine qui puisse mener à bien ses missions.»
Comme le rappelle Axel Ronde,
«ce que nous attendons c'est surtout de la reconnaissance de la part de la hiérarchie […] Il y a un fonctionnaire de police qui se suicide chaque semaine dans l'indifférence la plus totale. Ce que nous voulons, c'est la fin de cette hiérarchie qui écrase les fonctionnaires de police sur le terrain.»