Tecleor, entreprise privée de traitement de produits alimentaires par irradiation électronique, située à la limite des régions de Kalouga et de Moscou, a lancé son activité en septembre 2017. Ce centre, le premier dans son genre en Russie, construit suivant «les meilleurs standards mondiaux» après avoir reçu sa licence d'exploitation en novembre 2017, répond totalement «aux normes fixées par les autorités compétentes» de l'État russe. Sergueï Boudnik, directeur général de l'entreprise, a expliqué à Sputnik le concept et les avantages de la technologie utilisée.
Sputnik: Votre projet Tecleor suppose l'emploi des technologies de traitement par radiation dans le secteur agro-industriel. Pouvez-vous nous parler plus en détails de son concept?
Sergueï Boudnik: C'est l'emploi des technologies de radiation dans l'agriculture. Il est fondé sur le traitement des aliments d'origine végétale ou animale par un flux d'électrons accélérés. Ce n'est pas un procédé chimique de conservation, il remplace l'emploi d'agents chimiques, de pesticides et d'autres préservateurs nocifs. Il permet de se débarrasser des insectes et d'accroître la durée de vie du produit. Les électrons accélérés détruisent toutes sortes de bactéries qui provoquent la décomposition, et permettent d'éviter les moisissures et les levures. Le traitement par électrons accélérés assure des procédés qui permettent de stériliser les aliments. Ceci est très important pour les épices, parfois pour les noix, les fruits secs et d'autres ingrédients utilisés dans l'alimentation. L'avantage essentiel est que les aliments peuvent être traités dans l'emballage final. Des boîtes, des caisses, des paquets subissent sur la chaîne un traitement pendant plusieurs secondes. Le produit sortant a une autre teneur en microbes, il est moins dangereux. Le procédé détruit les bactéries qui provoquent les infections intestinales, telles que la listeria, la salmonelle qui peuvent être présents dans l'œuf en poudre et le poisson.
Sputnik: Vous avez dit que c'étaient initialement des technologies de radiation?
S.B.: Oui, les technologies de radiation. C'est l'emploi des technologies de radiation à des fins pacifiques. Le traitement par les électrons accélérés engendre un rayonnement de courte durée, mais ce rayonnement ne rend pas le produit radioactif, il dure moins d'une seconde, personne n'est en ce laps de temps à côté de l'aliment, et quand celui-ci quitte la chaîne après le traitement, il n'est pas du tout radioactif, donc pas du tout nocif.
Sputnik: Et où ont été employées pour la première fois de telles technologies?
S.B.: Initialement, dans les années 1960-1970, elles ont été employées activement tant en URSS qu'aux États-Unis. On traitait des déchets militaires, comme les stocks de l'agence Rosreserv. Il y avait en URSS des standards autorisant le traitement des denrées alimentaires, comme la viande de volaille. Il y a eu même des installations d'usines flottantes pour la conservation du poisson, ceci permettait de diminuer la quantité de préservateurs et le traitement thermique pour pouvoir le conserver plus longtemps.
Sputnik: Vous avez dit que cela ne nuisait pas aux aliments, et qu'il n'y avait aucun danger pour les consommateurs?
S.B.: Vous avez raison. Ce n'est pas un traitement thermique et le procédé n'est pas chimique. Il n'y a pas d'élévation de température pendant le traitement. Un à deux degrés Celsius, ce n'est pas critique, ça ne change ni le goût, ni la couleur, ni l'odeur. La méthode est reconnue par l'OMS comme ayant le plus faible impact parmi toutes celles qui sont connues aujourd'hui. Les autres méthodes utilisent le traitement thermique, et quand il fait chaud cela engendre le fumage et la salaison. Comparé à ces méthodes, le traitement par électrons accélérés ne change pas les propriétés de l'aliment. Toutes les autres méthodes de conservation entraînent l'apparition d'agents cancérigènes.
Sputnik: Quelles sont les perspectives de développement sur le marché intérieur et y a-t-il des perspectives d'intégration aux marchés étrangers?
S.B.: Sur le marché intérieur, nous avons conçu un projet d'aménagement d'un autre centre dans le Kamtchatka qui sera spécialisé dans le traitement du poisson et des fruits de mer. Nous projetons de construire sept centres en cinq ans. À l'étranger, nous poursuivons des pourparlers actifs avec l'Iran, Cuba et l'Égypte. Tout comme nous envisageons, en outre, de le proposer aux pays africains, comme l'Algérie.
Sputnik: En ce qui concerne les pays africains, à ce que nous savons, il est difficile de conserver les aliments parce que le coût des chambres froides et leur entretien est très onéreux. Votre technologie, pourrait-elle contribuer au règlement de ce problème?
S.B.: La technologie est recommandée par l'OMS en tant que méthode permettant de simplifier le procédé de stockage des aliments frais et secs. Il est possible de multiplier par un facteur de 1,5 à 2 la durée de vie des aliments sans avoir besoin de réfrigérateur. Cela concerne le poisson, la viande, les légumes frais. Et qui plus est, le régime à faible impact du traitement permet de prévenir la surmaturation des légumes et des fruits, de les conserver plus longtemps et d'éviter la décomposition.
Sputnik: Invitez-vous des investisseurs étrangers? Quels avantages promet votre projet?
S.B.: Nous inviterons des investisseurs locaux sur les territoires où nous entendons construire des centres. Nous aménageons des centres qui offrent des services de traitement anti-microbes aux grandes, aux petites entreprises et aux fermes. Nous espérons que les investisseurs locaux s'engagent avec nous soit par une participation partielle dans le fond d'investissement, soit en fournissant le foncier.