Nous avions abordé cette question en octobre dernier, alors que certains éléments kurdes de Syrie, se sentant pousser des ailes grâce aux livraisons massives d'armes étasuniennes, s'étaient crus en position de faire du chantage au gouvernement syrien. Une approche condamnée aussi bien par Damas, Moscou, que Téhéran. Sans oublier les dissensions évidentes en Irak voisin, où le gouvernement central avait dû démontrer toute sa détermination, avec le soutien de hauts militaires iraniens, pour forcer les Kurdes irakiens à reculer.
Car après les annonces de la poursuite des livraisons d'armes américaines à ces groupes et à celle de la création par Washington d'une «Force de sécurité» à la frontière turco-syrienne, la Turquie hausse le ton et affirme qu'elle mettra tout en œuvre pour empêcher la création d'une telle «unité terroriste» à sa frontière. Des déclarations qui n'ont pas tardé à se traduire dans les actes avec l'opération «rameau d'olivier» en zone kurde. Une opération coordonnée au préalable avec la Russie, selon l'aveu même du président Erdogan, et confirmée par la visite à Moscou du chef de l'État-major et du chef des services de renseignement turcs.
La Russie a donc choisi de ne pas bloquer la Turquie dans cette opération. Et ce pour une raison simple: le chantage d'une partie des élites kurdes sous pression étasunienne ne passera pas. La main tendue par Damas et Moscou en direction des Kurdes syriens était pourtant claire: une plus large autonomie au sein d'une Syrie unie, défense commune du territoire. Un scénario totalement indésirable pour les faiseurs de guerre étasuniens et donc pour leurs suiveurs locaux. Aucune raison donc d'être surpris des conséquences de leurs prises de position.
Néanmoins, les représentants kurdes ouverts au dialogue sont toujours invités au Congrès des peuples de Syrie, voulu par les représentants syriens, russes, iraniens et turcs, dont les travaux de préparation sont déjà avancés et qui devrait avoir lieu très prochainement. Une étape très importante, peut-être même cruciale, pour la résolution politique de la crise syrienne, après l'anéantissement de Daech, celle d'Al-Qaida étant encore en cours.
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