Les soldats nord-coréens ont déjà reçu des congés de longue durée pour trouver de la nourriture ou gagner de l'argent afin d'en acheter.
Mais cela ne suffit pas.
Le site d'info Daily NK rapporte que les collaborateurs de l'État fouillent les maisons et les fermes pour y trouver de la nourriture cachée ou de l'argent afin de les redistribuer à l'armée.
Les citoyens nord-coréens sont déjà habitués aux visites des fonctionnaires qui cherchent de la nourriture ou demandent des pots-de-vin pour ne pas saisir leur nourriture. Ce recours à une tactique de plus en plus ferme pour nourrir l'armée affamée pourrait être potentiellement dangereux pour la Corée du Nord.
Les premiers affrontements ont déjà eu lieu. Les fermiers du pays n'ont pas réussi à remplir les quotas imposés précédemment et pourtant, les dirigeants leur fixent déjà de nouveaux objectifs.
«Nous souffrons parce que les fermes de notre région n'ont pas réalisé de bonnes récoltes l'an dernier, c'est pourquoi nous n'avons pas réussi à remplir le quota obligatoire en temps de guerre. Tous ceux qui n'ont pas réussi à satisfaire les exigences ont reçu des tâches supplémentaires depuis début janvier», a déclaré à Daily NK une source de la province du Hamgyong du Sud.
Auparavant, les habitants étaient autorisés à quitter leur ferme pour recevoir de l'argent afin de payer les engrais ou le matériel agricole. Mais cette année tous ces fonds sont utilisés pour acheter de la nourriture et d'autres produits pour un usage militaire.
De nombreuses régions nord-coréennes ont échoué à remplir le quota pour l'approvisionnement de l'armée, ce qui a immédiatement provoqué une campagne pour trouver la nourriture manquante. Certaines coopératives agricoles envoient aux autorités des pommes de terre congelées déjà préparées.
De toute évidence, plusieurs processus qui toucheront les dirigeants des fermes et des coopératives agricoles restent à venir.
On estime que la famine a déjà tué des millions de personnes en Corée du Nord. Kim Jong-un et ses collaborateurs accordent une attention prioritaire à l'envoi de nourriture et de ressources aux hauts responsables publics et militaires à travers le pays.
On ne peut pas dire que la situation en matière de nourriture se soit significativement aggravée, mais l'activité des militaires et des responsables a déjà attiré l'attention de nombreux experts. En effet, elle pourrait être le signe de la préparation à une guerre.
Les USA se préparent également à la guerre
Le président américain Donald Trump attaque souvent le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un, comparant la taille de leur «bouton nucléaire», et pendant son discours à l'Onu en septembre il a promis d'«anéantir la Corée du Nord» si elle pouvait être considérée comme une menace pour les USA.
Il semblerait que les généraux de Trump soient les seuls à recevoir sa confiance — hormis les membres de sa famille. Le chef des Marines a annoncé à ses troupes que «la guerre était proche». Herbert McMaster, conseiller de Trump à la sécurité nationale, s'attend visiblement aussi à une escalade du conflit.
D'après les récents articles de presse, McMaster pense que les mesures traditionnelles de dissuasion ne fonctionneront pas avec Kim et qu'il est «impossible de surestimer la menace émanant de la Corée du Nord dotée de l'arme nucléaire».
Apparemment, les militaires américains admettent peu à peu l'idée d'une guerre contre la Corée du Nord. Ainsi, un récent article du New York Times prête à penser que les militaires se préparent tranquillement au «dernier pas: la guerre contre la Corée du Nord». Les USA procèdent actuellement à des exercices aéroportés, envoient des unités spéciales en Corée du Sud et déploient des bombardiers supplémentaires, y compris des B-2, à Guam.
Les militaires américains soulignent que le pays veut simplement être prêt à faire face à toutes les circonstances imprévues. Cependant, la guerre entre les USA et la Corée du Nord paraît de plus en plus plausible chaque jour.
Le début de la guerre
On sait qu'il y a une grande différence entre attendre une guerre et la mener réellement. Cependant, la conceptualisation est souvent le premier pas avant l'action, et cela crée deux grands problèmes.
Toutefois, l'administration Trump n'a manifestement aucune idée de la manière dont elle devrait et pourrait mener la guerre contre la Corée du Nord. En effet, les USA n'ont jamais participé à un conflit ouvert et direct contre une puissance nucléaire.
Une invasion terrestre peu plausible
Premièrement, il ne pourrait certainement pas être question d'une invasion terrestre: la Corée du Sud ne permettra jamais aux USA d'utiliser son territoire comme un avant-poste de départ pour attaquer la Corée du Nord, et bien évidemment Séoul ne se joindra pas aux USA dans cet acte déraisonnable.
Même si les forces américaines traversaient la zone démilitarisée rigoureusement protégée, elles seraient confrontées à une très forte résistance.
La plupart des militaires nord-coréens possèdent des armements obsolètes, mais ils ont un immense avantage en matière d'effectifs. Qui plus est, les Nord-Coréens combattraient sur le territoire de leur pays pour leur pays. Et s'ils subissaient des pertes, qu'est-ce qui les empêcherait d'utiliser l'arme nucléaire?
En outre, ces activités militaires joueraient en faveur de Pyongyang: les Nord-Coréens sont obsédés par l'idée que les USA veulent les détruire et une attaque unilatérale prouverait une fois de plus que leurs craintes sont justifiées. Cela pourrait être suffisant pour provoquer une riposte par une frappe nucléaire.
De plus, les actions militaires unilatérales des USA provoqueraient très certainement une opposition globale. L'alliance occidentale pourrait être irrémédiablement détruite aussi bien en Europe qu'en Asie du Nord-Est.
Le mythe d'une campagne aérienne limitée
Et à quoi parviendraient les USA s'ils se limitaient à un bombardement de la Corée du Nord en utilisant des avions et des missiles de croisière?
La tentative de punir la Corée du Nord par une attaque aérienne ne ferait qu'accroître la paranoïa et la peur nord-coréennes, déjà très grandes, basées sur l'idée selon laquelle les USA tenteraient d'anéantir le pays et d'éliminer le régime de Kim. Cela pourrait également provoquer une riposte nucléaire.
Une campagne aérienne américaine peut-elle se fixer pour seul objectif l'arme de destruction massive de la Corée du Nord, c'est-à-dire ses sites dotés de l'arme nucléaire, les usines de construction de ces armes et des systèmes balistiques?
Cela pourrait fonctionner si les USA savaient exactement où se trouvaient ces armes et s'il était possible de toutes les détruire à la fois. Cependant, il est fort probable qu'en Corée du Nord les armes de destruction massive soient réparties sur un vaste territoire et bien protégées. La plupart de ces armes sont certainement enterrées et protégées contre les bombardements.
Par conséquent, il est peu probable que les frappes aériennes américaines portent leurs fruits en ce sens. Dans le même temps, cela pourrait facilement provoquer les Nord-Coréens à engager des mesures de rétorsion contre les USA en utilisant toutes les capacités nucléaires dont ils disposent.
Un scénario de guerre inspiré d'un film?
Au final, tout le scénario de guerre de Trump contre la Corée du Nord commence à faire penser à une imitation triste et réaliste du film War Games de 1983.
Dans ce film, un superordinateur utilisé pour simuler une guerre nucléaire est sur le point de déclencher une véritable guerre nucléaire avant d'apprendre que dans un tel scénario «le seul moyen de gagner est simplement de ne pas jouer».
Espérons que certains aient vu ce film au sein de l'administration Trump.
Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur de l'article repris d'un média russe et traduit dans son intégralité en français.