Créer une telle «fabrique de bots» ne serait pas du tout une tâche aisée même pour les États-Unis, son mécanisme étant très compliqué, mais il faut toutefois prévoir des contre-mécanismes pour s'y opposer, a déclaré à Sputnik Mikhaïl Friben, du Centre d'information et d'analyse de l'Oural.
«Force est de reconnaître que de telles attaques sont difficiles à parer. Dans n'importe quelle lutte informatique, l'"attaque" est en règle générale dix fois meilleur marché que la "défense". Aussi, pourrait-on envisager entre autres le lancement chez nous [en Russie, ndlr] d'un système similaire qui neutraliserait l'action du système américain. Autrement dit, nous devons créer notre propre fabrique de bots qui neutralisera le message émotionnel des bots américains», a indiqué l'interlocuteur de l'agence.
Un autre interlocuteur de Sputnik, le co-fondateur du grand portail d'information iranien Techrasa, Mohammadreza Azali, a estimé pour sa part que les attaques des bots américains ne se répercuteraient que très peu sur les utilisateurs iraniens, la plupart des grands réseaux sociaux étant bloqués en Iran.
«Qui plus est, bien des Iraniens associent aujourd'hui Internet et les réseaux sociaux avec Telegram, dont se sert la plupart de la population du pays, et le haut niveau de protection de Telegram ne permet tout simplement pas aux bots d'en lire l'information», a expliqué M.Azali.
Et d'ajouter que bien des services étrangers avaient été bloqués par le Centre national du cyberespace, et que des alternatives iraniennes avaient été offertes à leur place.
«Par exemple, au lieu de Youtube, nous utilisons Aparat, et au lieu de Google Play — Café Bazaar. Aussi, est-il peu probable que l'Iran souffre beaucoup de cette fabrique de bots américains. Leur action ne peut être efficace qu'au niveau des réseaux sociaux qui sont déjà bloqués en Iran», a conclu l'analyste.
L'armée américaine a publié un appel d'offres pour un logiciel destiné à scanner les réseaux sociaux, en analysant les commentaires sur internet et générant automatiquement, sur la base des informations recueillies, des publications sur les réseaux sociaux en sept langues, dont le russe et le farsi. Ce logiciel doit notamment «pouvoir automatiquement créer entre trois et dix commentaires uniques à partir d'une publication sur les réseaux sociaux tout en préservant le sens et le ton de l'original. Par ailleurs, il doit pouvoir déceler l'humeur négative, positive et neutre des utilisateurs des réseaux sociaux. Le système devra aussi capter dans les commentaires des utilisateurs les émotions comme la colère, le plaisir, la tristesse et l'inquiétude.
Commentant cette tentative des États-Unis de fabriquer une arme d'impact informatique ou une arme pour garantir la domination dans l'espace informatique, les spécialistes soulignent que le progrès n'a pas encore atteint un tel niveau pour qu'un bot puisse mener un dialogue en langage naturel.