La loi entérinant le changement de mode de scrutin pour les élections européennes de 2019 devait être une formalité. Mais le gouvernement semble en avoir profité pour modifier la répartition du temps de parole durant la campagne officielle. Si l'amendement est voté en l'état, les candidats issus de la majorité bénéficieront de davantage d'exposition médiatique que les partis n'ayant pas formé de groupe à l'Assemblée nationale ou au Sénat. La République en Marche aurait donc un temps de parole sensiblement plus important que le Front national, la France insoumise ou Europe-Ecologie les Verts, du fait de leur représentation au Parlement conséquente.
La répartition avantageuse du temps de parole, couplée à l'annonce du Président de la République d'une loi visant à lutter contre la désinformation en période électorale, pose la question d'une pression accrue du monde politique sur les médias et leur contenu durant les campagnes.
Le 3 janvier, Emmanuel Macron annonçait en effet son intention de promulguer une loi visant à lutter contre la désinformation. Son initiative, confirmée le 5 par le porte-parole du gouvernement, avait suscité de vives réactions. Comparé au fameux ministère de la Vérité de George Orwell, le gouvernement était alors accusé de vouloir contrôler l'information.
Tant La France insoumise que Les Républicains mettaient en garde cette semaine contre «le risque d'une législation liberticide», d'une «pensée-vraie-officielle», d'une «vérité d'État» ou d'une «information étatisée». Ils risquent de devoir en plus s'inquiéter du temps qui leur sera alloué pour y répondre et présenter leurs programmes.