«Selon Reporters sans frontières et Amnesty International, la liberté de la presse régresse. 65 journalistes ont été tués en 2017 […] 326 sont actuellement en prison principalement en Chine, en Turquie, en Syrie, en Iran… 22 sont des otages du groupe État islamique. Des dizaines de journalistes sont la cible d'appels au meurtre pour blasphème.»
Pourtant, la solution semble, elle, poser question:
«La liberté d'expression est la mère de la République. La République doit donc la financer comme elle finance le fonctionnement de notre vie démocratique […]. La liberté d'expression mérite donc bien un impôt supplémentaire: l'impôt Charlie Hebdo» déclare l'éditorialiste.
En effet, comme l'explique Juliette Méadel, «l'État prend en charge la sécurisation des personnes explicitement menacées, mais celle des locaux et celle des autres personnes qui travaillent au journal sans être des "personnalités protégées", est à la charge de Charlie Hebdo», un coût estimé à 1,5 million d'euros par an. L'ancienne secrétaire d'État souhaite donc aider la presse indépendante, «celle qui ne vit pas du soutien d'un actionnaire ou d'un industriel, celle qui ne vit que de ses lecteurs», à faire face aux menaces physiques qui pèsent sur elles. L'impôt «Charlie hebdo» est à ce titre bien nommé, puisqu'à part le journal satirique, on voit mal qui répond à cette définition. Quoi qu'il en soit, Juliette Méadel propose pour y parvenir de taxer «les bénéfices de la publicité diffusée sur Internet ou d'un impôt sur les bénéfices en France réalisés par les Gafa (Google, Amazon, Facebook et Apple)». Les Gafa, mécènes malgré eux de la liberté d'expression?
Les Gafa, meilleurs ennemis de la liberté d'expression?
La réponse ne semble pas couler de source. D'une part, Internet et les réseaux sociaux participent, malgré eux, à la radicalisation de certaines personnes en leur permettant de se documenter, de consulter des sites djihadistes, mais également de donner aux propagandistes les moyens technologiques de répandre leur haine, voire de lancer des Fatwas contre des journalistes. Facebook est d'ailleurs régulièrement accusé de ne pas assez lutter contre les contenus extrémistes sur sa plateforme.
Un nouvel impôt comme solution miracle?
Enfin, le gouvernement aurait-il les moyens de ses ambitions si un tel impôt venait à être créé? Rien n'est moins sûr. Les États européens sont pour l'instant démunis face à l'optimisation fiscale des géants du numérique. Google, par exemple, réussit à exploiter les failles juridiques françaises afin payer le moins d'impôts possible. L'impôt «Charlie hebdo» semble donc déjà bien compromis avant même de voir le jour.