Tout d'abord, il faut indiquer que ces armes et leurs buts sont très différents. Le S-400 a été élaboré pour la lutte contre les avions, les missiles de croisière et les drones, et le THAAD vise à la protection de missiles balistiques de courte et moyenne portées. Donc, ce dernier peut détruire ses cibles à une altitude de 150 à 200 kilomètres quand le S-400 est efficace jusqu'à 30 kilomètres.
En fait, cette différence n'est pas si importante, estime l'ex-vice-commandant des forces aériennes du système commun de lutte antiaérienne de la Communauté des États indépendants (CEI), le lieutenant-général Aitetch Bijev. Selon lui, dans le cas de l'Arabie saoudite, il s'agit de défense antimissile du théâtre d'opérations quand des cibles sont détruites à basse altitude.
«Dans la défense antimissile du théâtre d'opérations, la destruction de cibles est effectuée sur des trajectoires descendantes, mais pas dans l'espace», a indiqué M.Bijev.
Dans ce contexte, l'avantage principal du Triumph russe est sa portée. Son missile 40N6E a une portée de 400 kilomètres alors que celle du THAAD est limitée à 200 kilomètres. Le S-400 est capable de fonctionner à 360 degrés et la zone de tir du système américain n'a pas cette possibilité.
Cela étant, le THAAD enregistre des cibles à la distance de 1.000 kilomètres et le complexe russe à 600 kilomètres.
Quant au prix, le système américain est sensiblement plus cher que son analogue russe. Une batterie THAAD de six lanceurs, dont chacun est équipé de huit missiles, coûte près de 2,3 milliards de dollars (1,9 milliard d'euros). En plus, il faudrait payer 574 millions (482 millions) pour le radar AN/TPY-2. Un ensemble de huit S-400 avec quatre missiles chacun coûte près de 500 millions de dollars (420 millions d'euros).
Il y a un autre détail technique très important, ajoute le colonel à la retraite et expert militaire Mikhaïl Khodarenok. Des armes américaines pourraient avoir des limiteurs empêchant de les utiliser contre d'autres armes de fabrication américaine.
«Si une arme américaine est utilisée contre l'Arabie saoudite, elle ne sera abattue que par le S-400 qui est capable de fonctionner sur des cibles aérodynamiques», a expliqué M.Khodarenok.
Mais si Riyad exploitait les deux systèmes, des problèmes pourraient apparaître lors de leur utilisation simultanée.
«C'est impossible de gérer ces deux systèmes en régime automatique d'un seul poste de commandement. Ils ont des mathématiques et une logique complètement différentes», a souligné M.Khodarenok.
«Ils peuvent être déployés dans des lieux différents ou même dans le cadre de la défense d'un seul point si leurs objectifs sont séparés par des hauteurs et des secteurs. Ils peuvent simplement se compléter, dans un même groupe», a indiqué l'expert.
Auparavant, la coalition arabe dirigée par l'Arabie saoudite, qui mène une opération au Yémen, avait annoncé avoir intercepté un missile lancé sur la capitale saoudienne Riyad par les insurgés Houthis qui contrôlent de vastes territoires au Yémen, selon la chaîne de télévision Al-Arabiya. L'engin avait été intercepté au sud de la capitale. Le porte-parole du mouvement Ansar Allah (Houthis), Mohammed Abdussalam, avait confirmé sur Twitter le tir d'un missile en direction de Riyad. Selon lui, le tir d'un Volcano H-2 visait le palais royal saoudien d'Al-Yamamah.