Agence immobilière du Secours catholique: déshabiller Pierre pour loger Paul?

© AFP 2024 REMY GABALDADes matelas sont entreposés devant la préfecture à Toulouse, le 09 février 2012 pendant une manifestation de professionnels de la réinsertion, membres d'associations citoyennes ou d'organisations comme Médecins du monde ou le Secours catholique, pour symboliser chacun une personne laissée à la rue.
Des matelas sont entreposés devant la préfecture à Toulouse, le 09 février 2012 pendant une manifestation de professionnels de la réinsertion, membres d'associations citoyennes ou d'organisations comme Médecins du monde ou le Secours catholique, pour symboliser chacun une personne laissée à la rue. - Sputnik Afrique
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Si l’initiative du Secours catholique à destination des mal-logés paraît séduisante, elle laisse beaucoup de questions en suspens: créer une agence immobilière pour les mal-logés suppose en effet que les propriétaires jouent le jeu de loyers «solidaires»… Quant au DAL (Droit au logement), il réclame des têtes. Constructif?

Une démarche très «humaniste» en pleine trêve hivernale du logement: Véronique Fayet, présidente du Secours catholique- Caritas France vient d'annoncer la création de son «agence immobilière sociale». Une initiative aurait pour but de venir en aide aux personnes mal logées.

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Mais derrière cette annonce, ne risque-t-on pas de découvrir quelques tentatives de «tri» des mal-logés? Puisqu'on voit tout de suite apparaître les références au «statut de réfugié», aux centres d'hébergement d'urgence… Effectivement, et Véronique Fayet le confirme, le nombre des places en hébergement d'urgence s'est accru, même s'il reste «insuffisant en hiver», notamment «pour les familles qui n'acceptent pas d'être séparées». S'agit-il de tous les sans-abri ou mal-logés, qui galèrent depuis longtemps, ballottés d'hôtels en logements provisoires? Ou, une fois de plus, comme le dénoncent souvent les associations, on prendrait plus soin d'un réfugié ou un migrant pour le «fixer» et rendre des comptes aux commissaires européens?

L'initiative est louable. Véronique Fayet explique vouloir «capter 150 à 200.000 logements en Île-de-France» avec un mécanisme théoriquement simple: via son «agence immobilière», le Secours catholique se portera caution et des bénévoles accompagneront les nouveaux locataires durant l'emménagement. Pourtant, il y a un hic dans la pratique: les propriétaires doivent accepter de ne toucher qu'un loyer modéré. Est-ce qu'une assurance d'être payés à la fin du mois suffira à les convaincre de proposer leur bien à la location «solidaire»?

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Cette initiative a l'air également de rejoindre la lutte incessante de la Mairie de Paris (tout comme des mairies de certaines villes balnéaires, qui ne supportent plus de voir les maisons à volets fermés) de faire la guerre aux logements inoccupés. Paris a déjà fait parler d'elle, avec une hausse de 60% de la taxe d'habitation sur la résidence secondaire en janvier 2017 et a fait beaucoup de bruit médiatique en juin dernier, avec son annonce d'une nouvelle augmentation, de 250% cette fois.

Néanmoins, malgré le fait que l'hébergement inoccupé touche 10% du parc immobilier en Île-de-France et atteigne 26% dans les quatre arrondissements du cœur de Paris, Véronique Fayet admet que la majorité des propriétaires en région parisienne ne sont pas «des accapareurs»: ils n'ont qu'un appartement et ont besoin de ce revenu locatif. Il faudrait alors un travail de pédagogie de la part du Secours catholique- Caritas France pour parvenir à persuader les propriétaires d'entrer dans un système «humaniste», mais quelque peu inconfortable financièrement. On risque de déshabiller Pierre pour loger Paul, pour détourner un vieil adage…

L'association Droit au Logement (DAL) n'a pas hésité à payer de la personne de ses adhérents, et au lieu de passer le jour de Noël à déguster une dinde, a manifesté à Paris. Refusant de passer pour le dindon de la farce, les manifestants ont dénoncé la mauvaise politique du gouvernement en matière du logement. Ils étaient là, sous les fenêtres du ministère du Logement à Paris pour rappeler une promesse d'Emmanuel Macron en juillet dernier, lors d'un discours à Orléans: «D'ici la fin de l'année, je ne veux plus personne dans les rues, dans les bois. (…) Je ne veux plus de femmes et hommes dans les rues».

Seulement, l'outil qu'ils proposent pour pallier au fléau du mal-logement qui ronge le pays depuis les décennies est étonnant: Jean-Baptiste Eyraud, porte-parole du DAL, exige la démission de Jacques Mézard, le ministre de la Cohésion des territoires en charge du logement et de Julien Denormandie, secrétaire d'État à la Cohésion des territoires. Selon lui, «il y a de plus en plus de sans-abri alors qu'on n'a jamais eu autant de logements vacants» Virer des responsables —une solution? Vraiment?

​D'après les informations des Morts de la Rue, 376 SDF seraient morts depuis le début de l'année 2016. Et les chiffres de décembre n'ont pas l'air de partir à la baisse:

​Les internautes ont également réagi face à ces mesures

​.

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