Croire au Père Noël, est-ce vraiment bon pour les enfants?

© AFP 2024 JONATHAN NACKSTRANDLe père Noël avec ses rennes
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Cadeaux bien emballés, odeur de sapin flottant dans l’air parfumé de magie, Noël compte parmi les fêtes les plus aimées. Nombre de parents se demandent toutefois s’il faut laisser croire les enfants au Père Noël et comment leur éviter la désillusion lorsqu’ils apprendront la vérité. Les avis, des spécialistes autant que des parents, divergent.

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«Maman, comment il fait le Père Noël pour passer si on n'a pas de cheminée? Et comment il sait où j'habite? Et si j'ai été bien sage?», ce sont des questions traditionnelles auxquelles à un moment ou à un autre tous les parents doivent faire face. S'il est déjà coutume de croiser dans les rues à l'approche des fêtes de fin d'année beaucoup de bonhommes barbus et habillés en rouge, de nombreux parents s'interrogent sur la question de savoir s'il est bon pour l'enfant de croire au Père Noël ou bien s'ils pourraient se sentir trahis le jour où ils apprendront la vérité. D'ailleurs, la réponse à cette question semble être plus complexe qu'on ne le pense, faisant diviser en deux camps des spécialistes de l'enfance aussi bien que les parents.

La magie de Noël pour développer l'imaginaire.

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Le Père Noël, ses lutins, les rennes et tout ce qui entoure l'histoire de Noël, font partie de la fantaisie, affirment de nombreux spécialistes de l'enfance. Pour eux, le Père Noël fait partie de ces rites qui aident les enfants à grandir. Au sortir de l'enfance, arrêter de croire à la magie du Père Noël ne serait alors que faire l'expérience de la réalité.

Ainsi, selon, Anne Bacus, psychologue et auteur de l'ouvrage «Votre enfant de trois à six ans», «avant l'âge de 4-5 ans, avant que leur intelligence commence à raisonner, les enfants confondent le réel et l'imaginaire».

«Faire croire à l'existence du Père Noël ne protège pas l'enfant de la vie réelle, mais permet de le laisser dans la magie de l'enfance», écrit-elle.

Une autre psychologue pour enfants, Nathalie Parent, souligne également ce rôle important de la magie de Noël dans le développement de l'imaginaire des enfants.

«Il est important pour le développement de l'enfant, pour son adaptation à la vie et aux difficultés qu'elle renferme, de stimuler son imaginaire», explique-t-elle dans son article «Le Père Noël: L'importance de la fonction imaginative».

En outre, pour sa part, l'approche de Noël serait justement une bonne occasion pour les parents de transmettre leurs valeurs aux enfants, de perpétuer les traditions ou d'en créer de nouvelles. Dans cette transmission des valeurs et des traditions, on retrouve plusieurs bienfaits, dont l'intégration du partage et de la générosité, le développement de la conscience sociale et du sentiment d'appartenance, la préparation de son cœur au plaisir, le développement de la patience.

En revanche, les deux spécialistes mentionnées ici sont unanimes sur le fait que la perception du Père Noël comme un gentil personnage mythique dépendra en grande partie de la manière dont cette révélation sera faite.

«Le seul inconvénient toutefois à entretenir le mythe: on raconte à l'enfant des histoires qu'il pourrait un jour considérer comme des mensonges», résume ainsi Anne Bacus.

Le Père Noël c'est un gros mensonge.

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Contrairement à ceux qui croient aux effets bénéfiques du mythe entourant les fêtes de fin d'année, les autres restent à ce sujet assez sceptiques, affirmant que laisser croire les enfants à l'existence du Père Noël ne serait qu'un mensonge.

Selon une étude menée par des psychologues de l'Université d'Exeter en Royaume-Uni, Christopher Boyle et Kathy McKay, mentir aux enfants au sujet du Père Noël pourrait sérieusement entamer leur confiance. Ce serait encore bien pire si ce mensonge était motivé par ce désir un peu égoïste des adultes de revivre leur propre enfance plutôt que par celui de plonger les enfants dans un univers de contes de fée.

Les psychologues britanniques soulignent également qu'il est fortement déconseillé d'utiliser le Père Noël comme un «outil de contrôle» ou pire à des fins de chantage éducatif sur les enfants au travers de maximes chatoyantes comme « Si tu ne ranges pas tout de suite ta chambre, tu recevras tellement de bouts de charbon que tu finiras par habiter au pied d'un terril».

Pour le sociologue Gérald Bronner, laisser croire les enfants au Père Noël pourrait, par la suite, nuire à la confiance accordée aux adultes, ce qui s'avèrera être d'autant plus grave à l'âge ingrat.

«Cette remise en question peut conduire, dans certains cas, à percevoir le monde des adultes avec suspicion comme un univers où règne le mensonge collectif», affirme-t-il, cité par le Monde.

Quelle serait la meilleure façon de dire la vérité et jusqu'à quel âge peut-on croire au Père Noël?

L'avis des experts à ce sujet est quasi unanime: s'il faut établir une limite, elle serait située aux alentours de 8 ans.

Tel est également l'avis, partagé par Béatrice Copper-Royer, psychologue spécialisée dans la clinique de l'enfant et de l'adolescent.

«Jusqu'à huit ans, grand maximum. L'âge moyen est autour de six ou sept ans. Les enfants commencent dès le CP-CE1 à être rationnels et à raisonner. Ils sortent de la petite enfance, où l'imaginaire est tout-puissant et où les choses les plus extraordinaires sont possibles: pour eux, les fées, les dragons et le Père Noël sont bien réels. Mais après cet âge, ils commencent à distinguer l'imaginaire de la réalité», a-t-elle ainsi expliqué à Francetvinfo.

Néanmoins, un accent particulier devrait être mis sur la manière de dire des choses pour ne pas blesser la psychologie d'un enfant, encore fragile à cet âge, alertent les spécialistes de l'enfance.

«Si enfant, on a vécu la croyance au Père Noël comme une trahison, il est tout à fait compréhensible de ne pas vouloir reproduire le schéma […] Mais si certains enfants vivent la découverte de la non-existence du Père Noël comme une trahison, la plupart l'acceptent bien, et sont même flattés de faire désormais partie des initiés, des "grands". Tout dépend en effet de la manière dont l'enfant apprend la vérité. L'enfant acceptera d'autant mieux cette désillusion qu'il aura acquis une autonomie affective rassurante. Aux parents d'accompagner leur enfant dans ce passage de l'illusion à la réalité», a conclu la pédo-psychiatre, psychiatre et psychanalyste, Dominique Tourrès-Gobert, dont les propos ont été cités par la revue Psychologies.

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