Ce 21 décembre, l'Assemblée générale de l'ONU s'apprête à voter une nouvelle résolution — deux jours après la première — qui condamnerait la reconnaissance de Jérusalem par Donald Trump comme capitale de l'État d'Israël. Si la décision du Président des États-Unis est avant tout motivée par des raisons de politique intérieure, sur le plan international, elle fait largement écho au slogan «America First». Cette expression marketing replace sur le devant de la scène la doctrine isolationniste traditionnelle prônée pendant la campagne présidentielle.
At the UN we're always asked to do more & give more. So, when we make a decision, at the will of the American ppl, abt where to locate OUR embassy, we don't expect those we've helped to target us. On Thurs there'll be a vote criticizing our choice. The US will be taking names. pic.twitter.com/ZsusB8Hqt4
— Nikki Haley (@nikkihaley) 19 декабря 2017 г.
En effet, les postulats principaux de cette stratégie, érigée en doctrine par le président Monroe et renouvelée au XXe siècle, sont la souveraineté et la liberté totales des États-Unis. Elle s'oppose donc à tout pouvoir supérieur d'une organisation internationale, en l'espèce l'ONU.
Si Donald Trump a souvent dénoncé les interventions militaires américaines comme celle de 2003 en Irak, on apprenait ces dernières semaines que des milliers de soldats américains étaient présents au Moyen et Proche-Orient et même en Afrique.
Au Niger, là encore, on découvrait, à la suite de la mort de quatre soldats des opérations spéciales en octobre, qu'il y aurait plus de 800 militaires américains dans ce pays d'Afrique de l'Ouest et officiellement 6.000 dans 53 pays du continent.
Si de nombreux autres soldats américains sont présents en Europe (Allemagne, Italie), en Asie (Japon, Philippines), etc., c'est sur les théâtres de guerre que cette présence interpelle. En effet, au Yémen, alors que la guerre sévit depuis 2014, que les morts se comptent en milliers et les déplacés en millions, le Département de la Défense américaine a reconnu de multiples opérations terrestres au Yémen et plus de 120 frappes aériennes! Si la lutte contre le terrorisme est la raison officielle de ces déploiements, l'alliance avec l'Arabie saoudite est aussi évidente. Et le but recherché est bien la lutte affichée contre l'ennemi hégémonique du Moyen-Orient, l'Iran.
Là encore, si Donald Trump est à contre-courant de la communauté internationale dans le dossier de l'accord nucléaire iranien, la pression exercée sur la République islamique répond à des enjeux de géopolitiques globaux dans cette région instable.
Cette doctrine interventionniste s'exprime aussi par la politique américaine en Ukraine. En effet, Donald Trump semble avoir donné son accord pour que les États-Unis livrent des armes létales à l'Ukraine comme le révèle le journal The Hill. Le projet, dans les tuyaux depuis quelques semaines, se réalise quelques jours après une autorisation similaire de la part du gouvernement canadien. En réaction, Dmitri Peskov, le secrétaire de presse de Vladimir Poutine, dénonce les possibles livraisons américaines d'armes létales en Ukraine en considérant qu'elles pourraient le pouvoir dangereux des nationalistes ukrainiens et conduire à des effusions de sang.
Ainsi, si la politique américaine semble multiple et contradictoire, elle entraîne à chaque décision, qu'elle soit du Département de la Défense ou de la Maison-Blanche, de très vives réactions. C'est sans doute l'effet recherché, puisqu'elles retrouvent toute leur cohérence si on les inclut dans une stratégie de la tension: diviser pour mieux régner, affaiblir ses adversaires potentiels en multipliant les points de friction avec eux. D'aucuns la qualifient d'ailleurs de stratégie du chaos. Exagéré?
Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur.