La stratégie de sécurité nationale des USA constate le «retour à l'époque de rivalité entre les superpuissances» qui s'était interrompue pendant trente ans, écrit mercredi le quotidien Rossiïskaïa gazeta.
Il y a toutefois une contradiction dans les termes: la Chine et la Russie sont qualifiées de «puissances révisionnistes», ce qui sous-entend leur aspiration à revoir l'ordre mondial voulu par les Américains. Par ailleurs, Washington n'estime plus nécessaire de maintenir cet ordre mondial — en d'autres termes il joue lui-même le rôle de «principal révisionniste».
Les principes de libre-échange et d'accords multilatéraux, considérés comme un gage de prospérité des États-Unis, sont proclamés à présent comme contraires à leurs intérêts. La nouvelle stratégie confirme l'importance des alliances, mais il s'agit plutôt d'une révérence aux alliés pour ne pas qu'ils s'inquiètent. Toutes les «aberrations» à la mode comme le changement climatique sont exclues des priorités de sécurité américaines.
Sans oublier le credo répété par Trump et ses proches collaborateurs: «la paix par la force». L'idée en soi est claire mais elle n'a rien de nouveau. La conviction selon laquelle il faut, pour le maintien de la paix, se préparer constamment à la guerre est un élément de pensée classique des stratèges depuis l'Antiquité.
Il est reproché à la Russie de mettre à mal la puissance américaine par différents moyens tels que l'ingérence dans les affaires intérieures, mais c'est le potentiel nucléaire russe qui est qualifié de «plus grave menace pour les USA». Un retour au «classique» de la Guerre froide, en somme. C'est d'ailleurs le sujet de critiques à Washington, dans le sens où la nouvelle administration ne ferait pas suffisamment attention aux nouvelles ruses de Moscou comme la cyber-ingérence et l'influence propagandiste. Le fait que la stratégie caractérisant clairement la Russie comme un danger soit critiquée pour sa prétendue «souplesse excessive» envers le Kremlin témoigne des phobies antirusses qui règnent au sein de l'establishment américain. Aux yeux de ses représentants, Trump ne serait pas suffisamment dur quand il parle des relations avec la Russie et, pire encore: il a mentionné l'éventualité d'une coopération.
Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur de l'article repris d'un média russe et traduit dans son intégralité en français.