Le chef des opérations de maintien de la paix des Nations unies, Jean Pierre Lacroix, s'est entretenu mardi le 12 décembre à Moscou avec Valery Semerikov, le secrétaire général adjoint de l'OTSC, une organisation rassemblant la Russie et cinq autres ex-républiques soviétiques (l'Arménie, la Biélorussie, le Kazakhstan, le Kirghizstan et le Tadjikistan) qui vient de fêter son quinzième anniversaire. Au cœur des discussions: l'apport de l'OTSC aux missions onusiennes de maintien de la paix. Pourtant, ce n'est pas le seul domaine dans lequel les membres de l'OTSC, qui a l'intention de renforcer son rôle pour faire face aux défis contemporains, sont prêts à coopérer avec l'Onu.
This morning with #CSTO Deputy Secretary-General Valery Semerikov as part of a series of meetings in #Moscow to explore enhanced #partnerships with regional organizations for UN peacekeeping @UNPeacekeeping pic.twitter.com/wCF7ciuLM7
— Jean-Pierre Lacroix (@Lacroix_UN) 12 декабря 2017 г.
Consolider la paix ensemble
L'Onu, doté d'un droit exceptionnel d'autoriser les missions de maintien de la paix, collabore avec les organisations régionales afin de rendre ses opérations plus efficaces et appropriées pour chaque situation concrète. Le renforcement de la coopération avec l'OTSC, observateur à l'Onu depuis 2004, serait donc un pas logique, compte tenu des conflits qui ont lieu dans l'espace post-soviétique. Cette coopération est d'autant plus importante que l'OTSC vise à participer aux missions en dehors du territoire de ses pays-membres.
«On a mis le cap sur l'adhésion progressive de l'OTSC au processus mondial des activités anticrises de l'Onu. Le maintien de la paix est l'une des directions prioritaires de l'OTSC sur le long terme. Nos forces satisfont les exigences de l'Onu tant sur le plan de leur structure, que sur celui du niveau de préparation», a déclaré Youri Khatchaturov, le secrétaire général de l'OTSC, dans une interview accordée au journal Izvestia.
Le maintien de la paix est l'une des principales fonctions de l'OTSC, créée en 2002, soit dix ans après la signataire du traité éponyme le 15 mai 1992. Cette organisation dispose de forces de maintien de la paix, dont les effectifs équivalent à environ 3.600 membres.
En octobre et novembre 2017, des exercices militaires d'envergure ont été effectués par les États membres de l'OTSC. Ce sont des exercices sans précédent, incluant plusieurs étapes lors desquelles les forces armées devaient faire face à divers défis, parmi lesquels le maintien de la paix et sa consolidation après le conflit. L'étape des exercices consacrées à ces activités, intitulée «Fraternité indestructible 2017», a été organisée au Kazakhstan. Les unités de maintien de la paix des pays membres se sont entrainées à surveiller des postes frontaliers de transit et de contrôle, accompagner des convois humanitaires et localiser les hostilités.
Néanmoins, l'OTSC n'a jamais déployé de mission de maintien de la paix, bien qu'elle en ait eu plusieurs fois l'occasion, notamment en 2010 quand la Présidente kirghize, Roza Otounbaïeva, avait demandé à l'organisation de déployer ses forces au Kirghizstan sur fond de crise politique.
Une nouvelle occasion d'utiliser en pratique ses forces de maintien de la paix se présente actuellement à l'OTSC du fait des projets de créer une mission onusienne dans le Donbass, en Ukraine. Bien que la décision sur une telle opération soit loin d'être prise, Valery Semerikov a dit que l'organisation disposait des forces nécessaires pour participer à une possible mission onusienne.
En avant-garde de la lutte contre le terrorisme
L'OTSC est extrêmement préoccupée par le problème du terrorisme international car plusieurs de ses membres, notamment le Tadjikistan voisin de l'Afghanistan, sont menacés par les groupes terroristes opérant au Moyen-Orient.
En septembre 2017, lors de la 72e session de l'Assemblée générale de l'ONU, Youri Khatchaturov a rencontré Vladimir Voronkov, chef du Bureau de lutte contre le terrorisme de l'Onu, et Thomas Greminger, le secrétaire général de l'OSCE, afin de discuter de ce problème brûlant.
L'OTSC mène des actions pratiques pour renforcer ses capacités de combattre le terrorisme. Lors des exercices de l'OTSC susmentionnés, les forces collectives de réaction rapide, créées en 2009, se sont entrainées à briser une attaque de terroristes au Tadjikistan.
«Le fait qu'on ait rédigé une liste unifiée des organisations terroristes est très important. Aujourd'hui, dans le monde il y a certains États et organisations qui distinguent de bons et de mauvais terroristes, en déclarant qu'il faut coopérer avec les bons pour lutter contre les mauvais», a dit le ministre biélorusse des Affaires étrangères, Vladimir Makei, en soulignant qu'une telle distinction ne peut pas avoir lieu.
Lors du sommet de Minsk, la création d'un système global de lutte contre le terrorisme a été citée par Noursoultan Nazarbaïev, le chef d'État kazakh, qui présidera l'OTSC l'année prochaine, comme une des trois priorités de l'organisation en 2018.
Cyber-espace: un nouveau champ de bataille
La cyber-sécurité devient un problème de plus en plus préoccupant pour la communauté internationale. L'OTSC ne reste pas en marge des actions visant à écarter la menace que représentent la cyber-criminalité. L'Organisation prône l'adoption d'un Traité universel pour l'assurer la sécurité informatique, en établissant des «règles du comportement responsable dans le cyberespace».
«L'OTSC parle d'une seule voix pour persuader les membres de la communauté internationale de s'entendre sur les règles qui seraient appliquées dans ce domaine, à la différence de ce qui se passe maintenant, quand internet est, en fait, monopolisé par les compagnies américaines», a déclaré le chef de la diplomatie russe, Sergei Lavrov, à l'issue du dernier sommet de l'organisation, s'étant tenu le 30 novembre à Minsk.
Lors dudit sommet, les pays-membre ont signé le Traité pour la coopération afin d'assurer la sécurité informatique. Actuellement, la Russie entend soumettre une résolution sur la cyber-sécurité à l'Assemblée générale de l'Onu.
L'OTSC a également une expérience pratique de la prévention des cyber-crimes. Depuis 2009, elle a détecté presque 80.000 sites qui présentaient une menace à la sécurité nationale de ses pays membres.
L'OTSC gère également d'autres problèmes d'importance globale, susceptibles de menacer la sécurité de ses membres, y compris la migration illégale, le trafic de drogue et le crime organisé.
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