La Chine, menace ou chance pour l’Occident?

© AP Photo / Mark Schiefelbeinhe moon sets above a Chinese flag flying over Tiananmen Square after a flag raising ceremony on National Day, the 66th anniversary of the founding of the People's Republic of China, in Beijing, Thursday, Oct. 1, 2015
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Attention, la Chine va nous envahir. C’est là l’essentiel du message de l’éditorial de la livraison du 14 décembre du magazine britannique The Economist. L’Empire du Milieu serait en train de coloniser les esprits des Occidentaux qui succomberaient facilement aux attraits de sa politique économique. Mais qu’en est-il vraiment ?

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Dans son numéro du 14 décembre 2017, le célèbre magazine britannique The Economist consacre son éditorial intitulé « Sunlight vs subversion, What to do about China's « sharp power » » (Rayons de soleil contre subversion, Que faire à propos de la «puissance forte» de la Chine?) à la Chine qu'il accuse de mener, en Occident et aux États-Unis en particulier, une politique d'infiltration dans le but d'influencer les décisions politiques par une conquête des esprits.

«La Chine a l'habitude d'espionner sa diaspora, mais la subversion s'est répandue. En Australie et en Nouvelle-Zélande, l'argent chinois aurait acquis une influence dans le domaine politique, avec des dons faits aux partis ou des versements d'argent effectués à des politiciens individuels», peut-on lire.

Cette influence de la Chine, puissance montante, ne peut être niée. Cependant, il ne serait pas raisonnable de fermer les yeux sur les politiques menées par les Occidentaux et de désigner du doigt la Chine en affirmant qu'elle risque d'envahir l'Occident, sans même faire allusion à tous les projets de développement commun, gagnant-gagnant, que Pékin propose à tous les pays du monde, d'Europe y compris, en particulier dans le cadre de la nouvelle route de la soie (également appelée la Ceinture et la Route).

Que propose la Chine au reste du monde?

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En mai 2017, la Chine a invité pas moins de 68 pays à participer à Pékin à un sommet de deux jours consacré à son projet de la nouvelle route de la soie, dans lequel elle a prévu d'investir 1.000 milliards de dollars. Les 68 délégations présentes représentaient 4,4 milliards d'habitants et environ 40% du PIB mondial. Des mégaprojets de développement d'infrastructures routières, ferroviaires, portuaires et énergétiques ont été officiellement présentés. Le président chinois, Xi Jinping qui, dès son arrivée au pouvoir en 2013, s'est attelé à la tâche de promouvoir ce projet en Eurasie, en Afrique et au Moyen-Orient a déclaré lors de ce sommet que la nouvelle route de la soie contribuerait à la paix dans le monde par le développement mutuel et ferait baisser la pauvreté.

«Etendue sur des milliers de kilomètres et riche d'une histoire millénaire, l'ancienne Route de la soie incarne l'esprit de paix et de coopération, d'ouverture et d'inclusion, d'apprentissage réciproque et de mutualisation des bénéfices », a-t-il déclaré.

«La Ceinture et la Route devrait favoriser la paix, la prospérité, l'ouverture, l'innovation et les liens entre les différentes civilisations.», a-t-il ajouté.

Quelques mois plus tard, les 27 et 28 novembre s'est tenu à Budapest le sixième sommet réunissant la Chine et seize pays d'Europe centrale et orientale. Le thème central en était la participation de ces pays aux projets chinois proposés dans le cadre de la nouvelle route de la soie.

Ce sommet a marqué le point de basculement des pays de l'Europe de l'Est, qui se sont montrés enthousiastes et ravis de cette collaboration. Les Hongrois parlaient d« 'ouverture vers l'Orient ». Les Serbes d'un « ami fiable ». Les Polonais « d'une incroyable opportunité ».

La Chine a aussi fait de même en Afrique et au Moyen-Orient, en organisant des sommets destinés à développer la coopération économique dans ces régions.

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Les accusations de volonté d'hégémonie portées contre la Chine pourraient être justifiées, cependant il y a une différence entre celui qui affiche l'intention d'aider les pays du monde à se sortir du sous-développement, et ceux qui usent des mêmes méthodes qu'ils reprochent à cette dernière dans le but de s'ingérer politiquement dans des pays dont les autorités n'ont rien demandé en promouvant des révolutions colorées et des «printemps» de «liberté» et de «démocratie». A cet effet, et pour s'en convaincre, rappelons quelques faits marquants qui ont secoué l'Europe, en passant ceux qui ont ébranlé la Libye, l'Irak, l'Afghanistan et, dernièrement, la Syrie, largement documentés dans la presse internationale.

Les cas de l'Ukraine et de la Hongrie

L'Ukraine a connu deux « révolutions orange », la première en 2004 et la deuxième en 2014. L'implication d'organisations, comme la NED (National Endowment for Democracy), OTPOR (mot serbe qui signifie résistance) et Canvas (Centre for Applied Nonviolent Action and Strategies), qui seraient toutes trois des officines civiles de CIA, dans l'orchestration de ces deux évènements est bien établie. Elles fondent leur action sur la formation de militants, la corruption des élites politiques et l'influence de l'opinion publique.

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Ces deux révolutions ont plongé ce pays dans des crises politique et économique dont il n'arrive pas encore à se remettre. Bien que ce soit l'Europe qui a fait miroiter à Kiev la possibilité qu'elle rejoigne l'Union européenne, cette dernière n'a apporté aucune aide économique consistante à ce pays qui se trouve en plus affaibli par une guerre civile.

Dernièrement, c'est au tour de la Hongrie de faire face aux attaques d'une ONG du même type dirigée par le milliardaire Georges Soros, la Open Society. Ses activités ont été violement dénoncées par le président Viktor Orban lui-même qui voit en elle le bras de «l'empire» armé contre son pays pour lui porter un coup déstabilisateur.

La plupart des pays ayant subi ce genre d'ingérence n'ont malheureusement pas reçu par la suite d'aide considérable au développement.

Donc appeler à la vigilance envers la Chine serait justifié, si l'on commençait par cesser les pratiques qu'on lui impute.

Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur.

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