«Les rapports entre la Russie et l'Otan n'ont pas subi de changements qualitatifs», a constaté Alexandre Grouchko. Tout au cours de l'année, l'Otan a procédé à l'adaptation de son potentiel militaire, arguant de la nécessité de contrer des menaces tous azimuts. Or, tout le monde comprend que ces efforts sont produits dans le but de mettre en place une tête de pont pour orienter les forces vers notre pays. «Ce qui influence la nature même des relations entre la Russie et l'Otan», a-t-il souligné dans une interview à Sputnik.
«On a beau nous répéter que les mesures sur le flanc oriental n'ont rien d'une provocation et ne sont qu'une réaction de défense aux changements dans le domaine de la sécurité, nous constatons que l'Alliance a déployé des forces là où elles n'ont jamais été présentes et où elles ne doivent pas se trouver à une telle échelle et pour de telles durées, selon l'Acte fondateur Russie-Otan de 1997. Il n'existe aucune raison objective à cela», a-t-il affirmé.
La coopération pratique reste, elle, pratiquement gelée, ce qui prive les relations entre la Russie et l'Otan de leur pivot: l'interaction dans des domaines d'intérêts communs, a poursuivi Alexandre Grouchko. «Pourtant, les dangers auxquels nous devons faire face ensemble n'ont pas disparu et la Russie préconise logiquement de mettre en place une véritable coalition pour lutter contre le terrorisme, ainsi que de renforcer la collaboration pour relever les nouveaux défis.»
Certains changements se sont tout de même profilés. Ainsi, le Conseil Russie-Otan a tenu cette année trois réunions.
«Ce qui est très important, car il serait regrettable de refuser de procéder directement, et non par médias interposés, à l'évaluation de la situation politique et militaire, notamment en Europe et en Afghanistan», a-t-il noté.
Les contacts militaires à un niveau élevé ont repris cette année: le chef d'état-major des forces armées russes, Valéry Guerassimov, a rencontré en septembre le Président du comité militaire de l'OTAN, Petr Pavel, et a eu un entretien téléphonique avec Curtis Scaparrotti, commandant suprême des forces alliées en Europe. Toutefois, Moscou ne constate aucun signe de la disposition de l'Otan à «dégeler» sa coopération avec la Russie, a-t-il souligné.
Le renforcement du flanc oriental exige une base idéologique, ce qui engendre de nouveaux mythes sur l'hostilité de la Russie, a-t-il constaté. Ainsi, de nombreux médias occidentaux ont affirmé que les exercices russo-biélorusses Zapad-2017 étaient destinés à préparer une agression contre les pays baltes, que la Russie voulait s'emparer de la Biélorussie et qu'elle n'en retirerait jamais ses troupes, ce qui s'est avéré complètement faux. Tout cela simplement pour justifier la nécessité de déployer des contingents et des matériels militaires supplémentaires dans les pays baltes et en Pologne. Simplement pour prouver la «justesse» des décisions sur la nécessité de porter les dépenses militaires des membres de l'Otan à 2% de leur PIB.
«Aujourd'hui, les dépenses militaires communes des pays de l'Otan constituent environ la moitié des chiffres mondiaux. Pour les Européens, c'est 270 milliards de dollars [quelque 230 milliards d'euros, ndlr], soit de cinq à sept fois plus que la Russie», a-t-il rappelé.