Nous connaissons désormais la réponse à la première question. L'IA est un programme informatique chargé dans un ordinateur. Il réalise des calculs, joue aux échecs, force un robot à faire des saltos… Mais la réponse à la seconde question est plus compliquée. Certains considèrent l'IA comme un mal universel programmé pour anéantir l'humanité, d'autres, au contraire, comptent sur elle pour régler différents problèmes. Les élaborations scientifiques des dernières années vont plutôt dans le sens du second point de vue. Les machines dotées d'une intelligence artificielle remplacent parfaitement leurs créateurs dans de nombreux domaines d'activité.
L'enveloppe matérielle dans laquelle se trouve le cerveau virtuel n'a pas beaucoup d'importance: il peut s'agir d'un lecteur minuscule, d'un ordinateur quantique, d'un robot, d'un système laser ou d'un avion. L'intelligence de l'appareil est déterminée par son algorithme et l'information chargée à l'intérieur. Par exemple, le MEPhI (Institut d'ingénierie physique de Moscou) de l'Université nationale de recherche nucléaire élabore actuellement un système de protection pour smartphone qui identifie son propriétaire par sa manière de manipuler l'appareil.
La critique de l'IA
Rapidité d'action, mémoire, auto-apprentissage, créativité: tout appareil doté de ces propriétés, peu importe à quoi il ressemble, pense pratiquement comme un homme. Paradoxalement, cette comparaison n'est pas vraiment favorable à l'IA. Parce que cela commence à nous inspirer de la peur. Dieu sait quelle idée viendra à une machine en encourageant son esprit d'initiative. Elle pourrait vouloir nous nuire intentionnellement, nous réduire en esclavage, voire nous éliminer.
Certains penseurs prédisent — à juste titre — que l'IA nous laissera complètement sans travail. La robotisation a déjà rendu inutiles de nombreux métiers comme celui de typographe ou de pilote-navigateur, et en dévaluera encore bien d'autres. Mais comme le montre la pratique, la mécanisation du travail engendre aussi de nouveaux métiers où les capacités intellectuelles et créatives des humains se dévoilent avec une nouvelle force. Plus nous laisserons de tâches à la charge de nos doubles virtuels, plus nous aurons de temps disponible pour nous occuper de choses réellement importantes et complexes, par exemple prédire les pannes des grandes centrales électriques, y compris nucléaires.
"Le système intellectuel que nous créons à base de neuroréseaux pourrait prédire quand un ensemble de certains facteurs risque d'entraîner la panne d'un système majeur de la centrale. Le fait est que différentes parties de grands mécanismes tombent rarement en panne de manière isolée. Le plus souvent une panne est provoquée, par exemple, par une usure simultanée de plusieurs pièces. L'homme est simplement incapable d'effectuer un calcul et l'analyse d'une telle quantité de données pour comprendre quand la panne arrivera et quel en sera le catalyseur", explique Valentin Klimov, directeur adjoint de l'Institut de systèmes cybernétiques intelligents du MEPhI.
Le rythme d'évolution de l'IA est à la fois réjouissant et inquiétant, au fur et à mesure qu'approche la période à laquelle il faudra répondre à des questions éthiques. Faut-il considérer chaque programme intelligent comme une personnalité à part, quels droits et obligations faut-il lui lui accorder, faut-il réglementer son travail? Il est difficile d'arrêter le progrès scientifique, par conséquent il nous faudra partager l'espace vital avec l'IA, et on voudrait croire que nous serons amis.