Laurent Wauquiez, président d’un LR de droite… et sans le centre?

© AFP 2024 Lionel BONAVENTURELaurent Wauquiez
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Sans surprise, Laurent Wauquiez est le nouveau président des Républicains (LR), avec plus de 74% des voix. Si ses opposants dénoncent une «droitisation» du parti de droite et du centre, l’espace politique que compte occuper Wauquiez entre Macron et le FN reste à définir. Comment compte-t-il incarner une opposition crédible?

C'est la fin d'un faux suspens. Laurent Wauquiez est le nouveau président du parti Les Républicains. Avec 74,64% des voix pour une participation de 44,46% (99.597 adhérents sur les 234.556 à jour de cotisation) au premier tour, les adhérents semblent donc avoir plébiscité la ligne plutôt conservatrice de Laurent Wauquiez, qui devance ses deux faire-valoir, Florence Portelli, proche de Valérie Pécresse (16,11%) et Maël de Calan, soutenu par Alain Juppé (9,25%).

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Laurent Wauquiez élu président des Républicains avec 74,6%
Pourtant, malgré —ou peut-être à cause de- cette victoire très nette, les Républicains peuvent-ils devenir la principale force d'opposition au gouvernement d'Emmanuel Macron? Dit autrement, LR pourront-ils continuer à incarner «le grand parti de la droite et du centre», pour reprendre leurs éléments de langage?

En effet, Jean-Christophe Lagarde, président de la centriste UDI (Union des Démocrates et Indépendants), avait déclaré au Parisien peu avant le scrutin qu'«il n'y aura plus d'alliance avec les Républicains» si Laurent Wauquiez était élu à la tête de LR. En outre, une vingtaine d'élus «Constructifs», comprendre Macron-compatibles, ont lancé un nouveau parti de droite «Agir». Xavier Bertrand a annoncé lundi soir sur France 2 sa décision de quitter le parti. Enfin, d'autres cadres du parti sont restés très silencieux après la victoire de Wauquiez, à l'image de Nicolas Sarkozy ou Valérie Pécresse.

Laurent Wauquiez serait-il donc si clivant? Selon Erik Tegnér, président des «Jeunes avec Virginie Calmels» (cette dernière étant pressentie pour être numéro 2 du président des LR), cette nomination aura le mérite de clarifier les positions des différents courants au sein du parti:

«Je pense que l'on se dirige vers une division de nos opposants», souligne ce proche de Laurent Wauquiez.

Par ailleurs, la défection de l'UDI ou d'autres personnalités du mouvement n'entraîneront pas la disparation du parti des Républicains, estime-t-il:

«On ne repart pas vers une forme de RPR ou d'UMP. Ce qui est certain, c'est que le centre-droit à toute sa place dans la famille politique, mais un centre-droit qui ne sera pas forcément comme l'UDI, ou évidemment le Modem, car on ne sait pas toujours dans quel camp ils sont.»

Et d'ajouter,

«Et si demain il faut ouvrir la porte à l'UDI qui voudrait nous rejoindre, hé bien ça se fera qu'à partir de notre projet, qui lui sera de droite, et en cela il y a une vraie clarification.»

Dans tous les cas, pour Erik Tegnér, cette victoire haut la main démontre une adhésion des militants à la ligne politique proposée par le nouveau président du parti.

«Laurent Wauquiez a mené sa bataille, il a fait plus de 70 déplacements pendant trois mois, il a surtout porté un vrai discours de droite, ce que les adhérents réclament. Et je pense que c'est pourquoi il y a autant de voix. Il a notamment su rassembler près de 130 parlementaires ou encore des personnalités comme Virginie Calmels ou Geoffroy Didier.»

​​Laurent Wauquiez lorgne-t-il réellement du côté du Front national, comme le dénonce le Parti socialiste ou veulent le voir certains élus frontistes, comme Patrice Charles?

​Un sentiment qui a paru être renforcé par le semi-lapsus de Virginie Calmels, le 10 décembre dernier, qui avait affirmé au micro de BFMTV qu'aucune alliance avec le Front national n'était envisagée «pour le moment», avant de corriger le tir sur Twitter, énonçant cette fois qu'il n'y aurait «jamais» d'alliance entre Les Républicains et le parti frontiste.

​Erik Tegnér, de son côté, s'inscrit en faux contre cette supposée «droitisation» de la ligne politique:

«On n'entend jamais parler de "gauchisation". Finalement, on a l'impression qu'il y a soit le Front national, soit il y a En Marche, mais on ne peut jamais simplement être de droite. Je ne crois pas que, parce que Laurent Wauquiez parle d'immigration, qu'il devrait être directement "taxé" d'extrême droite.»

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Les Républicains: les cadres du parti déconnectés de la base?
Finalement, avec Laurent Wauquiez à sa tête, Les Républicains peuvent-ils incarner une véritable opposition au gouvernement Macron? Erik Tegnér en est convaincu, notamment grâce aux idées portées par le président de la région Auvergne-Rhônes-Alpes. Il note d'ailleurs que Laurent Wauquiez est «parti du constat, qui est réel, que la droite a souvent tenu un discours de droite et a gouverné au centre.»

«Laurent Wauquiez peut aujourd'hui être l'opposant numéro un à Emmanuel Macron, surtout, sur les sujets régaliens, là où le Président de la République est très faible. Ou encore sur les sujets liés à l'Europe, où Emmanuel Macron porte un vrai projet fédéraliste qui peut inquiéter les Français, notamment sur la question de notre souveraineté.»

Et de conclure,

«Cependant, au bout du bout, le plus important ce n'est pas d'être l'opposant numéro Un, mais d'être celui qui fait le plus de propositions. En cela, la droite de Wauquiez sera une droite de proposition.»

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