C'est la fin d'un faux suspens. Laurent Wauquiez est le nouveau président du parti Les Républicains. Avec 74,64% des voix pour une participation de 44,46% (99.597 adhérents sur les 234.556 à jour de cotisation) au premier tour, les adhérents semblent donc avoir plébiscité la ligne plutôt conservatrice de Laurent Wauquiez, qui devance ses deux faire-valoir, Florence Portelli, proche de Valérie Pécresse (16,11%) et Maël de Calan, soutenu par Alain Juppé (9,25%).
En effet, Jean-Christophe Lagarde, président de la centriste UDI (Union des Démocrates et Indépendants), avait déclaré au Parisien peu avant le scrutin qu'«il n'y aura plus d'alliance avec les Républicains» si Laurent Wauquiez était élu à la tête de LR. En outre, une vingtaine d'élus «Constructifs», comprendre Macron-compatibles, ont lancé un nouveau parti de droite «Agir». Xavier Bertrand a annoncé lundi soir sur France 2 sa décision de quitter le parti. Enfin, d'autres cadres du parti sont restés très silencieux après la victoire de Wauquiez, à l'image de Nicolas Sarkozy ou Valérie Pécresse.
Laurent Wauquiez serait-il donc si clivant? Selon Erik Tegnér, président des «Jeunes avec Virginie Calmels» (cette dernière étant pressentie pour être numéro 2 du président des LR), cette nomination aura le mérite de clarifier les positions des différents courants au sein du parti:
«Je pense que l'on se dirige vers une division de nos opposants», souligne ce proche de Laurent Wauquiez.
Par ailleurs, la défection de l'UDI ou d'autres personnalités du mouvement n'entraîneront pas la disparation du parti des Républicains, estime-t-il:
«On ne repart pas vers une forme de RPR ou d'UMP. Ce qui est certain, c'est que le centre-droit à toute sa place dans la famille politique, mais un centre-droit qui ne sera pas forcément comme l'UDI, ou évidemment le Modem, car on ne sait pas toujours dans quel camp ils sont.»
Et d'ajouter,
«Et si demain il faut ouvrir la porte à l'UDI qui voudrait nous rejoindre, hé bien ça se fera qu'à partir de notre projet, qui lui sera de droite, et en cela il y a une vraie clarification.»
Dans tous les cas, pour Erik Tegnér, cette victoire haut la main démontre une adhésion des militants à la ligne politique proposée par le nouveau président du parti.
«Laurent Wauquiez a mené sa bataille, il a fait plus de 70 déplacements pendant trois mois, il a surtout porté un vrai discours de droite, ce que les adhérents réclament. Et je pense que c'est pourquoi il y a autant de voix. Il a notamment su rassembler près de 130 parlementaires ou encore des personnalités comme Virginie Calmels ou Geoffroy Didier.»
Ce soir, une droite ultra-conservatrice, qui prétend combattre le FN en reprenant ses idées prend la tête de #LR. « Vraiment de droite » nous dit Laurent #Wauquiez, mais surtout "vraiment pas clair" avec l'extrême droite
— Parti socialiste (@partisocialiste) 10 декабря 2017 г.
Laurent Wauquiez lorgne-t-il réellement du côté du Front national, comme le dénonce le Parti socialiste ou veulent le voir certains élus frontistes, comme Patrice Charles?
Les premiers mots de #Wauquiez ont été pour le #FN, c'est déja un début. 😊
— Patrice Charles (@patricecharles) 12 декабря 2017 г.
Un sentiment qui a paru être renforcé par le semi-lapsus de Virginie Calmels, le 10 décembre dernier, qui avait affirmé au micro de BFMTV qu'aucune alliance avec le Front national n'était envisagée «pour le moment», avant de corriger le tir sur Twitter, énonçant cette fois qu'il n'y aurait «jamais» d'alliance entre Les Républicains et le parti frontiste.
Jamais on ne pourra m’accuser de vouloir faire de quelconques accords avec le FN… et @laurentwauquiez l’a également martelé durant la campagne. Face à la mauvaise foi et aux procès d’intention répétés: les faits! Pr l’instant il n’y en a pas eu et il n’y en aura jamais!
— Virginie Calmels (@VirginieCalmels) 11 декабря 2017 г.
Erik Tegnér, de son côté, s'inscrit en faux contre cette supposée «droitisation» de la ligne politique:
«On n'entend jamais parler de "gauchisation". Finalement, on a l'impression qu'il y a soit le Front national, soit il y a En Marche, mais on ne peut jamais simplement être de droite. Je ne crois pas que, parce que Laurent Wauquiez parle d'immigration, qu'il devrait être directement "taxé" d'extrême droite.»
«Laurent Wauquiez peut aujourd'hui être l'opposant numéro un à Emmanuel Macron, surtout, sur les sujets régaliens, là où le Président de la République est très faible. Ou encore sur les sujets liés à l'Europe, où Emmanuel Macron porte un vrai projet fédéraliste qui peut inquiéter les Français, notamment sur la question de notre souveraineté.»
Et de conclure,
«Cependant, au bout du bout, le plus important ce n'est pas d'être l'opposant numéro Un, mais d'être celui qui fait le plus de propositions. En cela, la droite de Wauquiez sera une droite de proposition.»