Tillerson: Hariri en face, le Hezbollah en tête, l’Iran comme cible

© AFP 2024 Patrick KovarikRex Tillerson
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Le Hezbollah, mouvement chiite libanais, était au centre des discussions entre le secrétaire d’État américain et le Premier ministre libanais, ce 8 décembre. Tout à leur désir de lutter l’influence chiite au Moyen-Orient, les USA semblent peu se soucier du fragile équilibre des forces au Liban. La France saura-t-elle jouer les modérateurs?

Échange au sommet à Paris entre le secrétaire d'État américain, Rex Tillerson et le Premier ministre libanais Saad Hariri, ce 8 décembre. Une rencontre entre les deux hommes en marge la réunion ministérielle du GIS, le Groupe International de Soutien, qui réunit les cinq membres permanents du Conseil de Sécurité de l'ONU autour de la question libanaise.

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Presque un mois après la démission surprise du chef du gouvernement libanais, les États-Unis ont saisi l'occasion d'encourager le pays du Cèdre à se défaire de l'influence du Hezbollah, et donc indirectement de l'Iran.

Perçu comme une menace majeure par Washington, l'Iran est devenu, depuis l'arrivée de Trump à la Maison-Blanche, la priorité de la diplomatie américaine dans la région. Le Hezbollah étant le relais de l'influence de Téhéran au Liban, il est logique que son rôle dans les affaires internes de Beyrouth ait été au cœur des échanges entre M. Tillerson et M. Hariri.

Les Américains souhaiteraient profiter de la crise politique libanaise pour arracher Beyrouth à l'influence iranienne, coupant ainsi de fait le «croissant chiite», l'axe Beyrouth-Damas-Bagdad-Téhéran. C'est en ce sens que M. Tillerson a appelé le gouvernement libanais à «agir de manière plus agressive» pour limiter «l'activité déstabilisatrice [du Hezbollah] dans la région».

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Les intérêts des États-Unis ne s'embarassent guère de la stabilité politique du Liban. La démission de Saad Hariri, réfugié —ou retenu prisonnier, les versions divergent- en Arabie Saoudite a mis à mal l'équilibre précaire qui sous-tend la politique du dernier pays multiconfessionnel de la région. Elle a pourtant favorisé les intérêts américains. L'annonce de Donald Trump reconnaissant Jérusalem comme capitale d'Israël a provoqué l'ire des pays du Golfe, mais a été en partie contrebalancée dans les pays sunnites par la volonté affichée de lutter contre l'influence du Hezbollah, chiite.

Dans le même temps, la présence américaine en Syrie et en Irak, au-delà de la lutte contre l'Organisation de l'État islamique, répond à la volonté de Washington de limiter le regain d'influence de l'Iran —grâce à des unités de combat et des conseillers venus des Gardiens de la Révolution- dans ces pays.

Si la France comprend les intentions américaines au Liban, elle entend limiter les conséquences sur d'autres dossiers sensibles pour l'Iran, à l'heure où les relations diplomatiques entre la Paris et Téhéran se réchauffent légèrement et où l'on parle d'une visite présidentielle en Iran. De fait, la diplomatie française cherche à contrebalancer l'agressivité de Washington vis-à-vis des pays à majorité chiite pour plusieurs raisons.

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La première est économique. Le marché iranien est important et s'ouvre enfin après des années d'isolement dû aux sanctions contre Téhéran. La seconde est politique. Paris cherche en effet à regagner du poids dans la résolution des conflits au Moyen-Orient après les échecs de la présidence Hollande dans la région. Enfin, la dernière est militaire. La France, comme la majorité des membres de la communauté internationale, est persuadée que la solution à un Iran belliqueux est le respect du traité sur le nucléaire iranien signé en 2015.

Une fois encore, le Liban est le terrain d'affrontement des rivalités régionales et mondiales qui mettent en péril sa stabilité, alors même que Beyrouth s'est engagée à maintes reprises à rester à l'écart des conflits qui agitent le Moyen-Orient. 

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