Des îles Marshall à Pyongyang: les essais nucléaires les plus dévastateurs sous la loupe

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À partir du 1945, plus de 2.500 essais nucléaires ont été réalisés sur la planète bleue. La puissance de ces explosions, notamment les premiers de cette série, reste encore de nos jours inconnue. Quid de leurs conséquences éventuelles à l’échelle de notre planète?

Indispensable autant qu'imprédictible, l'énergie nucléaire a toujours constitué une pomme de discorde au sein de la société post-industrielle, les essais nucléaires engendrant des mutations génétiques et des dommages irréversibles au niveau de l'environnement. Aussi est-il intéressant de se pencher sur leurs conséquences éventuelles.

Les îles Marshall, cœur nucléaire de notre planète

Théâtre de nombreux essais nucléaires dans les années 1940 et 1950, les Iles Marshall ont déposé en 2014 une plainte contre neuf pays: la Chine, la Corée du Nord, la France, l'Inde, Israël, le Pakistan, la Russie, le Royaume-Uni et les États-Unis. Ces tests nucléaires ont notamment eu lieu sur les atolls de Bikini et d'Enewetak. Le plus puissant d'entre eux, Castle Bravo, avait été réalisé en 1954 par les États-Unis et est considéré comme 1.000 fois plus puissant que la bombe atomique lâchée sur Hiroshima en 1945.

Conséquences: La contamination radioactive des lieux a été majeure, une zone de 550x100 km ayant été contaminée. Le vent a rapidement propagé les précipitations radioactives: 7 heures et demie après l'explosion a été enregistrée une hausse du fond radioactif sur l'atoll de Rongerik, à 240 km de l'épicentre. Cet incident a provoqué une vague de manifestations antinucléaires au Japon et dans le monde.

Après avoir effectué des recherches de longue haleine, des chercheurs russes de l'Institut de physique nucléaire Budker de la ville d'Akademgorodok en Sibérie, ont annoncé avoir découvert dans les anneaux de croissance de pins des traces des essais nucléaires réalisés par les États-Unis dans les années 60 du siècle dernier.

L'opération Hurricane ou le Royaume-Uni entre en scène

Cet essai a été réalisé en 1952 sur les îles Montebello à environ 130 km au large de la côte ouest de l'Australie. La bombe était installée à bord d'une ancienne frégate et avait une conception similaire à la bombe américaine Fat Man.

Conséquences: L'opération Hurricane constituait l'essai de la première bombe atomique britannique et a fait de ce pays la 3e puissance nucléaire mondiale, après les États-Unis et l'Union soviétique. Jusqu'alors, l'archipel demeure inhabitable, vu la situation écologique dans la région.

Le polygone de Semipalatinsk ou la réponse de l'URSS

La première bombe H soviétique a explosé sur le polygone de Semipalatinsk, dans l'actuel Kazakhstan, le 12 août 1953 — moins d'un an après la bombe américaine Ivy Mike. La puissance de la munition RDS-6s était bien inférieure à celle des USA: près de 0,4 mégatonne.

Ces essais ont suscité une véritable panique aux États-Unis. Alors que les Américains disposaient d'une bombe de la taille d'un immeuble, l'URSS possédait une arme destructrice pouvant être embarquée dès le lendemain par un avion pour être larguée sur un ennemi.

Conséquences: Les radiations libérées à Semipalatinsk depuis 1949 seraient plusieurs centaines de fois supérieures à celles de la catastrophe de Tchernobyl. Elles auraient causé des problèmes de santé à plus de 1,5 million d'habitants de la région, soit un Kazakh sur 10.

La Polynésie française en quête de justice

Cent quatre-vingt-treize essais nucléaires, d'abord aériens puis souterrains, ont été réalisés en Polynésie dans les atolls de Moruroa et Fangataufa, dans l'archipel des Tuamotu, en Polynésie française, pour permettre à la France de se doter de cette arme de dissuasion.

Conséquences: Si les conséquences sanitaires et environnementales des essais nucléaires sont les plus décriées, le Centre d'Expérimentations du Pacifique (CEP) a aussi généré des bouleversements sociaux: la manne nucléaire a modifié le mode de vie des Polynésiens à partir des années 1960, et cette économie basée sur les transferts de l'État peine à se reconvertir depuis le début des années 2000.

La Chine rejoint le «club nucléaire»

Le 16 octobre 1964, la Chine a effectué le premier «test 596», nom de code de l'essai de la première munition nucléaire chinoise. Depuis ce moment-là et jusqu'à 1996, la Chine a effectué 47 essais d'armes nucléaires, dont 23 dans l'atmosphère (jusqu'en 1980) et 24 souterrains (1976-1996).

Conséquences: la population locale massivement irradiée et les biotopes avoisinants dévastés.

La Corée du Nord, le «point chaud» de la Terre

Le 9 octobre 2006, Pyongyang qui avait mis fin en mars 2005 au moratoire sur les missiles de longue portée, procède à son premier essai nucléaire. En avril 2009, Pyongyang quitte les négociations à Six (les deux Corée, la Chine, la Russie, les États-Unis, le Japon) entamées en août 2003, puis réactive son programme nucléaire. Le 25 mai, deuxième essai nucléaire souterrain. En décembre 2011, Kim Jong-Un succède à son père. Un troisième essai nucléaire est effectué en février 2013.

Le 6 janvier 2016, quatrième essai nucléaire souterrain. La Corée du Nord affirme avoir testé une bombe à hydrogène, ce qui est mis en doute par les spécialistes. Le 9 septembre, les autorités annoncent avoir réalisé leur cinquième essai nucléaire portant sur une ogive miniaturisée susceptible d'équiper un missile.

Le 3 septembre, sixième essai nucléaire, de loin le plus puissant et qui concerne selon les autorités nord-coréennes une bombe H suffisamment petite pour équiper un missile.

Le 28 novembre, la Corée du Nord effectue un nouveau tir de missile balistique, annonce Séoul. Le missile a été tiré vers l'est à partir de la province du Pyongan du Sud, selon l'agence de presse sud-coréenne Yonhap.

Conséquences: certes dévastatrices, mais difficile à évaluer pour le moment.

L'Iran a-t-il effectué des essais nucléaires?

L'Iran, lui, constitue un cas particulier. Soupçonné par la communauté internationale de chercher à développer l'arme atomique dans les années 2000, Téhéran a conclu en juillet 2015 un accord avec les grandes puissances garantissant le caractère civil de son programme nucléaire, en échange d'une levée sur dix ans des sanctions internationales. Mais le Président américain Donald Trump menace désormais d'en retirer son pays, ce qui pourrait avoir à la longue des conséquences dévastatrices.

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