«Trop de gens, dans les pays occidentaux, ont intérêt à mettre la Russie dans le camp des menaces pour des raisons politiques», ce qui explique la «distance entre les populations des pays occidentaux et leurs dirigeants»,
souvent alignés sur la politique américaine, analyse Denys Pluvinage, partenaire de l'association Dialogue franco-russe et auteur de Le siècle Russie?: Témoignages et réflexions (Éd. Apopsix). Une distance, quelle distance? Celle que révèle un sondage IFOP pour Sputnik, qui révèle que, contrairement à leurs décideurs politiques, les opinions publiques allemande, anglaise, française et polonaise se prononcent à une large majorité en faveur d'un rapprochement entre l'Union européenne et la Russie.
En France, plus des trois quarts de la population considère que la relation entre Bruxelles et Moscou n'est pas satisfaisante et devrait être améliorée. En Allemagne et en Pologne, ce chiffre dépasse les 80% de la population appelant de leurs vœux à une normalisation des relations après plus de trois ans de crise.
À l'inverse, la part de la population ne souhaitant pas d'amélioration significative est faible dans tous les pays et se situe autour de 10%. La Russie est donc vue au pire comme un mal nécessaire avec lequel il faut composer et négocier.
Les Polonais et les Allemands se prononçant le plus en faveur d'un rapprochement avec la Russie sont des sympathisants des partis de gauche (plus de 90%) tandis qu'en France, ce sont les partisans des Républicains (85%), suivis, fait étonnant, de ceux de LREM (La République en Marche) et du Modem (83%) qui plébiscitent le plus un rapprochement de l'Union européenne avec la Russie.
Ces chiffres s'expliquent, malgré les propos d'Emmanuel Macron sur la Russie, par le fait
«qu'il n'est pas vu, par ses sympathisants, comme virulent à l'égard de la Russie. […] Ils ne tiennent pas compte de ses déclarations ultérieures [à la réception de Vladimir Poutine à Versailles]», analyse Denys Pluvinage.
L'image de la Russie auprès des populations européennes s'est améliorée au cours des dernières années. Cette amélioration n'a cependant pas entraîné de changement de ligne politique pour plusieurs raisons, parmi lesquelles le député évoque «l'inertie naturelle des hommes politiques, l'influence des États-Unis» ou encore, selon Denys Pluvinage,
«le fait que la Russie fasse peur aux pays occidentaux, non pas comme un agresseur potentiel […], mais parce que la Russie offre une alternative de société très crédible.»