Le conflit se durcit progressivement et pourrait même bloquer le travail de l'administration américaine dans le secteur de la sécurité et de la politique étrangère, écrit vendredi le quotidien Izvestia. Outre leurs divergences de positions par rapport à la fameuse «ingérence russe» dans les élections, les parties ont également des tempéraments politiques totalement différents. Durant sa longue carrière d'homme d'affaires Trump, s'est habitué à un certain modèle de conduite mais de leur côté, les renseignements américains n'étaient pas prêts à travailler avec un président «hors normes».
Sans surprise, sa déclaration a suscité une vague d'indignation au sein de l'establishment washingtonien. «Le président des USA croit un leader étranger plutôt que ses propres services de renseignement?», s'est exclamé le public américain. Le lendemain, le locataire de la Maison blanche a dû revenir sur ses propos pour exprimer exactement l'inverse: «Je fais confiance à l'avis du FBI et de la CIA qui estiment que la Russie s'est ingérée dans les élections américaines».
«L'incident asiatique» de Trump constitue une nouvelle preuve du profond conflit entre le président américain et la communauté du renseignement américain.
Les relations complexes du 45e président des États-Unis avec les renseignements sont essentiellement mentales. En devenant président, Trump a été confronté à un principe complètement différent de gestion des affaires.
Le chef du Bureau ovale n'a jamais été fonctionnaire: il a été toute sa vie un homme d'affaires à la tête de sa propre compagnie privée. Il n'a jamais été politicien, il ignore la hiérarchie de service et le protocole public. Il a toujours signé les accords qu'il souhaitait et écouté ceux qu'il voulait entendre. Cela donne une idée de sa mentalité. Qui plus est, le président a 71 ans — et il est très difficile de changer à un tel âge.
Le renseignement américain est persuadé que le président américain, qui plus est s'il est un républicain conservateur, doit l'écouter. Du moins, le chef de la Maison blanche doit consulter les rapports confidentiels et recevoir le directeur du renseignement national qui supervise les 17 services spéciaux du pays. Mais le président a ouvertement reconnu qu'il ne lisait pas les rapports posés tous les matins sur sa table.
Le républicain a même attaqué à plusieurs reprises les renseignements américains, les accusant d'avoir déclenché la guerre en Irak en fournissant de fausses informations sur la présence de l'arme de destruction massive chez Saddam Hussein, et d'être coupables de l'assassinat de l'ambassadeur américain en Libye.
Le conflit entre Donald Trump et les renseignements américains pourrait non seulement bloquer le fonctionnement normal de la machine politique américaine, mais également devenir un facteur de risque pour le président lui-même. De nombreuses publications à son égard n'auraient pas fait leur apparition dans les médias sans l'implication des renseignements. Sans compter que ces querelles pourraient également avoir des conséquences négatives pour le reste du monde.
Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur de l'article repris d'un média russe et traduit dans son intégralité en français.