Normandie-Niemen: «amitié de cœur, pas une amitié politique» entre Français et Russes

© SputnikLe monument à Marcel Albert, pilote du régiment Normandie-Niemen, inauguré à Moscou
Le monument à Marcel Albert, pilote du régiment Normandie-Niemen, inauguré à Moscou - Sputnik Afrique
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Il y a 75 ans, la France et l’URSS se réunissaient contre le nazisme en formant l’escadrille Normandie-Niemen, malgré leurs divergences idéologiques. De nos jours, on voit le révisionnisme historique devenir populaire en Europe, mais les Français interrogés par Sputnik lors d’une cérémonie commémorative à Moscou ont appelé à préserver l’amitié.

Un buste de Marcel Albert, premier as du célèbre escadron Normandie-Niemen franco-soviétique, a été remis vendredi au musée de l'école russe №712 de Moscou à l'occasion du 100e anniversaire de la naissance du pilote et du 75e anniversaire du régiment. La cérémonie a eu lieu à la Maison de la Société historique russe en présence d’une délégation française, d’historiens et de descendants des mécaniciens russes de l’escadrille. 

© Sputnik75e anniversaire du régiment Normandie-Niemen
75e anniversaire du régiment Normandie-Niemen - Sputnik Afrique
75e anniversaire du régiment Normandie-Niemen

La cérémonie a précédé l'ouverture d'une exposition consacrée au régiment Normandie-Niemen au Musée de la Victoire à Moscou et la cérémonie d'oblitération de timbres-postes spéciaux.

​«Cette manifestation préserve la mémoire historique et met en avant des épisodes remarquables de notre coopération avec les Français […]. C’est très important, parce que nous avons des relations spéciales avec les Français et surtout dans les airs, pendant toute l’histoire de l’aéronautique, de l’aviation et de l’astronautique», a dit à Sputnik Mstislav Listov, pilote militaire et président du fonds caritatif Espace Saint-Exupéry en Russie.

​Pour François Colinot, cofondateur de l’association franco-russe Espace Normandie-Niemen, la rencontre de vendredi a «marqué le socle historique», permettant de préserver l’histoire et de la raconter aux jeunes d’aujourd’hui.

​«L’histoire, il faut la connaître, mais il faut en sortir, l’utiliser pour faire vivre cette mémoire avec de la communication, avec des langues, avec des rencontres avec les jeunes générations», a noté M.Colinot.

Ces derniers temps, le révisionnisme historique est devenu populaire dans plusieurs pays européens et aux États-Unis. Washington a refusé de voter une résolution de l’Onu contre l’héroïsation du nazisme. La Pologne est allée même jusqu’à accuser l'Union soviétique d’avoir déclenché la Seconde Guerre mondiale

Dans un certain nombre de pays de l'Europe de l'Est se déroule actuellement une campagne de démantèlement des monuments érigés en mémoire des soldats soviétiques de la Seconde Guerre mondiale. Sous prétexte de la «lutte contre la propagande du communisme», Varsovie entend notamment démolir près de 230 monuments dédiés à l'Armée Rouge qui a libéré la Pologne des troupes nazies.

Pomnik żołnierzom Armii Czerwonej w Warszawie - Sputnik Afrique
La Pologne annonce le démantèlement de 500 monuments soviétiques
Avant l’adoption de ces amendements, le gouvernement du pays a démoli le mausolée érigé en 1945 en mémoire des soldats soviétiques tombés lors de la libération de Trzcianka, qui avait été le premier monument consacré à la Seconde Guerre mondiale en Pologne.

Selon Anne-Marie Guido, fille du pilote Maurice Guido qui a rejoint l’escadrille en 1944, la génération d’aujourd’hui devrait tirer des leçons des éléments du passé, «mais elle ne le fait pas assez».

 «Tout révisionnisme n’est pas bon, je pense qu’il faut s’en tenir aux sources», a indiqué Mme Guido à Sputnik.

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Des pilotes du Normandie-Niemen «défilent» avec le Régiment immortel à Moscou
 M.Colinot, a pour sa part, regretté que certains cherchent à réviser ou politiser les résultats de la Seconde Guerre mondiale.

En 1942, les pilotes français ont rejoint les militaires soviétiques dans leur lutte contre le nazisme malgré l’image négative de l’URSS qui existait alors à l’Occident.

Le 25 novembre 1942, le commandement de l’Armée rouge et le commandement de la France combattante se sont mis d’accord sur la participation d’unités aériennes françaises aux opérations en URSS. Cette entente a permis de former le groupe de chasse Normandie qui est plus tard devenu le régiment de chasse Normandie-Niemen. Les aviateurs français ont pris part aux grandes batailles sur le front germano-soviétique: notamment à la bataille de Koursk, à l’offensive Bagration en Biélorussie en 1944 et à l’opération en Prusse orientale en 1945. Ils ont effectué plus de 5.000 sorties et ont mené près de 900 combats aériens.

Selon Mme Guido, c’était une «amitié de cœur, pas une amitié politique». Les documents, décorations et effets personnels de Marcel Guido mis à la disposition des organisateurs par sa fille, ont servi de base pour l'exposition Normandie-Niemen 75 à Moscou.

​Le plus important dans l’histoire de l’escadron est qu’il a créé cette union entre la France et la Russie, a noté M.Colinot.

«Sur les avions du Normandie-Niemen, il y a l’étoile rouge des militaires russes, il y a le nez de l’hélice bleu-blanc-rouge des Français. Donc, quand un avion vole, il transporte en même temps la compétence russe et la compétence française. C’est vraiment une union. C’est ce que j’appelle le parfum Normandie-Niemen», a-t-il estimé.

Monument pour les pilotes du Normandie-Niemen - Sputnik Afrique
Une plaque commémorant l’escadron Normandie-Niemen inaugurée au Bourget
Plus de 40 pilotes français sont tombés pendant les combats sur les fronts de l’Est. Leur unité a reçu de nombreuses distinctions militaires, aussi bien soviétiques que françaises, et, fin 1944, les aviateurs du Normandie-Niémen ont été les premiers Français à entrer militairement en Allemagne.

Justifier le nazisme et mettre un signe d’égalité entre le nazisme et le communiste est inadmissible, a déclaré M.Listov.

«Il ne faut pas commettre une même erreur deux fois. Antoine de Saint-Exupéry disait qu’on ne pouvait ériger une belle église si on changeait son fondement 20 fois. C’est vrai», a conclu Mstislav Listov.

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