Séoul fait des concessions à Pékin sur le traité de défense antimissile

© AP Photo / U.S. Force KoreaFILE - In this March 6, 2017 file photo provided by U.S. Forces Korea, a truck carrying parts of U.S. missile launchers and other equipment needed to set up the Terminal High Altitude Area Defense (THAAD) missile defense system arrive at Osan air base in Pyeongtaek, South Korea.
FILE - In this March 6, 2017 file photo provided by U.S. Forces Korea, a truck carrying parts of U.S. missile launchers and other equipment needed to set up the Terminal High Altitude Area Defense (THAAD) missile defense system arrive at Osan air base in Pyeongtaek, South Korea. - Sputnik Afrique
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La Chine et la Corée du Sud ont stabilisé leurs relations et confirmé leur entente concernant le déploiement du système de défense antimissile (ABM) THAAD sur la péninsule coréenne.

Pendant près d'un an, Pékin a usé de sanctions tacites contre les compagnies sud-coréennes en se basant sur l'idée que l'ABM américain déployé sur le territoire de son voisin n'était pas dirigé contre la Corée du Nord, comme l'affirmaient Séoul et Washington, mais contre la Chine, écrit vendredi le quotidien Kommersant. La Corée du Sud a réussi à normaliser les relations avec son plus important partenaire commercial en faisant des concessions et en permettant à Pékin de restreindre la liberté d'action de Séoul dans le domaine de la sécurité.

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Les relations seront définitivement rétablies durant la première visite en Chine du président sud-coréen Moon Jae-in. La condition pour normaliser les relations était «la prise en compte des préoccupations de la Chine» et l'accomplissement par les Sud-Coréens de trois engagements. Séoul a promis de ne pas déployer de nouveaux appareils du système THAAD (six sont installés actuellement), de pas intégrer la défense antimissile du pays à l'ABM américain dans la région, et d'exclure la possibilité de former une triple alliance avec les USA et le Japon. De plus, il a été confirmé à Pékin que le système THAAD déjà déployé ne serait en aucun cas utilisé contre la Chine.

Selon les estimations de Korea Development Bank, un an de sanctions tacites de la Chine contre la Corée du Sud (elles ont commencé en août-septembre 2016 et ont été durcies en mars 2017) a coûté entre 6,4 (pertes directes) et 20,3 milliards de dollars (revenus non perçus) à Séoul. Le conglomérat polyvalent Lotte, qui avait mis à disposition son terrain de golf pour le déploiement du THAAD, a été particulièrement touché. Ses ventes en Chine ont chuté de 88% au deuxième trimestre 2017 en glissement annuel. Les ventes de voitures Hyundai en Chine ont également fléchi de 64% pendant cette période. Le nombre de touristes chinois en Corée du Sud a baissé de 65,7% après que Pékin a interdit en mars de vendre des tours groupés dans ce pays. Séoul a pris plusieurs mesures économiques destinées pour compenser ces pertes de revenus, mais en vain. La Chine est le principal partenaire commercial de la Corée du Sud — leurs échanges bilatéraux s'élevaient à 211 milliards de dollars en 2016 — et c'est aussi la principale source de touristes pour le pays.

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Les autorités des deux pays ont tenté de sauver la face et de présenter les accords conclus comme une victoire. «C'est un bon coup diplomatique de Séoul qui a réussi à défendre sa position sur le THAAD sans faire de concessions réelles, a déclaré Go Myong-Hyun de l'Asan Institute for Policy Studies. De toute évidence, à un certain moment Pékin a compris que sa politique vis-à-vis de la Corée du Sud détériorait l'attitude de Sud-Coréens ordinaires envers la Chine, ce qui ne sera pas facile à corriger à terme.» D'après l'expert, Pékin comprend à l'évidence que ce système est destiné à la protection des bases américaines et qu'il est dirigé par les militaires américains: par conséquent Séoul ne peut pas garantir son non-usage contre la Chine.

Le professeur Andreï Lankov de l'université Kookmin (Séoul) pense que ces accords sont une grande victoire diplomatique de la Chine, reflétant son passage au rôle de superpuissance régionale. «De facto, elle a réussi à ce qu'un État souverain limite publiquement sa politique dans le domaine de la sécurité sans aucune contrepartie de sa part. Cela reflète la formation d'une zone d'intérêts particuliers de la Chine, où les États doivent tenir compte de l'avis de Pékin dans l'élaboration de leur politique étrangère et de défense», conclut l'expert.

Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur de l'article repris d'un média russe et traduit dans son intégralité en français.

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