«La russophobie est une posture professionnelle de principe»

© AP Photo / Hans PunzAlexey Borodavkin
Alexey Borodavkin - Sputnik Afrique
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L'ambassadeur de Russie à l'Onu Alexeï Borodavkine évoque dans cette interview la pression exercée sur la mission diplomatique russe et la «diplomatie-téflon».

- On constate une russophobie débordante dans de nombreux pays occidentaux et aux USA. Ressent-on la même disposition négative des diplomates à Genève (le quotidien Izvestia)?

— «La diplomatie est un instrument de mise en œuvre de la politique étrangère. Si la politique extérieure est russophobe, la diplomatie l'est aussi. Malheureusement, la russophobie s'est avérée contagieuse. Elle a «contaminé» plusieurs gouvernements et services diplomatiques occidentaux. Mais nos ennemis qui répandent cette «infection» ne s'attendaient pas à la puissante immunité anti-russophobe en Asie, en Afrique et en Amérique latine. Nous avons de nombreux amis à l'Onu et nous nous sentons donc à notre aise.

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Parmi les diplomates étrangers, certains sont plus intelligents et nous sentons qu'ils remplissent de manière forcée les consignes russophobes de leur capitale, mais sans zèle. Dans les couloirs, ils haussent les épaules et s'excusent. Pour d'autres, la russophobie est une posture professionnelle de principe. Ils ne s'arrêtent pas devant les falsifications et le mensonge notoire. Il est inutile d'essayer de dissuader ces derniers.

Mais malgré les efforts des russophobes, le poids de notre pays dans le monde est tel que, bon gré mal gré, il faut parler et interagir avec nous».

- Les médias occidentaux diffusent de nombreuses fake news aujourd'hui. A cette influence cèdent aussi des structures internationales qui émettent des rapports subjectifs, comme on l'a vu avec la Commission indépendante pour enquêter sur les violations des droits de l'homme en Syrie. Comment, dans ces conditions de pression médiatique sans précédent, faites-vous en sorte que les intérêts russes soient pris en compte? Avez-vous personnellement subi des pressions?

«Depuis la nuit des temps, les diplomates sont contraints de travailler dans des conditions de forte concurrence et rivalité. Cela concerne notamment l'Onu et la diplomatie multilatérale dans l'ensemble. Ces derniers années, on constate une tendance négative: certains États tentent en effet de substituer de faux conflits et des ruses propagandistes malsaines à l'ordre du jour positif de l'Onu.

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Sans fausse modestie, grâce au fait que les diplomates russes sont mieux préparés que nos antagonistes occidentaux, nous parvenons non seulement à bloquer la destruction de l'Onu mais également à promouvoir nos propres initiatives sur les principaux axes de son activité — la paix et la sécurité internationales, le contrôle des armes, le développement socioéconomique et les droits de l'homme.

Quant aux tentatives de pression, il faut d'abord se doter d'un revêtement de téflon et garder son calme. Ensuite, un diplomate ne doit pas avoir la langue dans sa poche et savoir fermement remettre à sa place un interlocuteur qui dépasse les bornes».

- Les USA ont récemment saisi la propriété diplomatique russe, ce qui a créé un précédent dangereux dans le monde entier. Dans quelle mesure notre mission diplomatique à Genève est-elle protégée contre de telles atteintes?

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«Genève est un grand centre de diplomatie multilatérale. Elle abrite un très grand nombre d'organisations internationales différentes. Tous les États membres de l'Onu y ont une représentation permanente. Genève tient à son statut et cherche donc à garantir des conditions de séjour confortables aux missions diplomatiques et aux organisations internationales. De plus, la Suisse est l'un des plus grands partisans du strict respect des normes et des principes universels du droit international. C'est pourquoi nous n'envisageons pas la possibilité que l'arbitraire illégal exercé par les autorités américaines à l'égard des établissements diplomatiques russes aux USA ait une chance de se déployer en Suisse sous quelque forme que ce soit».

Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur de l'article repris d'un média russe et traduit dans son intégralité en français.

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