La gestion de la crise nord-coréenne est au cœur de la tournée asiatique de Donald Trump. Il a entamé une visite officielle de douze jours en Asie, le plus long séjour officiel d'un Président américain dans la région depuis Georges Bush Senior en 1992, afin d'obtenir un soutien dans la lutte contre les ambitions nucléaires de la Corée du Nord. Lors de ses deux premiers discours, Donald Trump a soufflé le chaud et le froid sur le dossier nord-Coréen.
Pour Olivier Guillard, spécialiste de l'Asie et chercheur associé à l'Institut des Relations internationales et stratégiques (IRIS), les différentes tonalités dans son discours témoignent de la dualité du personnage. «Il est toujours dur de se mettre à la place des propos et dans l'organisation de la pensée de Donald Trump, y compris pour ses plus proches collaborateurs.» Mais au-delà, de cette «pensée complexe», ce double-discours répond aux attentes de son auditoire comme nous l'explique Olivier Guillard:
«Donald Trump a essayé de marier à peu près tous les discours pour ses interlocuteurs et pour sa scène politique intérieure (…) Il a rappelé que l'Amérique ne pouvait être défiée, qu'elle était toujours aux côtés de ses partenaires stratégiques d'Asie, que la menace de la Corée du Nord ne serait pas tolérée et que sa nucléarisation n'était pas non plus souhaitable.»
«Pékin a de moins en moins de prise et est de moins en moins écouté à Pyongyang. D'autant plus, depuis qu'est à la tête de cette dernière dictature d'Asie orientale, le trentenaire Kim Jong-un, qui fêtera sa sixième année au pouvoir le mois prochain. Il ne s'est d'ailleurs jamais rendu en Chine et ne fait pas montre d'une déférence particulière pour ce régime.»
Et d'ajouter,
«Il a réussi à faire avaler un certain nombre de couleuvres ces dernières années notamment avec 85 à 90 tirs de missiles différents et 6 essais nucléaires. Cela fait beaucoup pour Pékin qui est un peu lassé d'avoir si peu de prise sur le régime, là où la communauté internationale lui demande de faire bien davantage. Mais c'est un peu au-delà de ce qu'elle veut, mais aussi un peu au-delà de ce qu'elle peut aujourd'hui.»
«Nous sommes quasiment dans une logique d'autisme réciproque, la Corée du Nord aspire à être réintégrée dans le concert des nations, mais pour cela elle s'y prend mal. Elle continue donc à menacer le Sud, les États-Unis et à s'enferrer dans une spirale d'essais nucléaires balistiques qui font peur à toute la région. D'un autre côté, on ne saurait accéder à ses demandes aussi longtemps qu'elle jouera à ce jeu dangereux de l'aventurisme militaire et de la provocation rhétorique», analyse le chercheur.
Pour espérer une sortie crise, il faudrait que «Pyongyang descende de cette politique de provocation extrême.»
«Et que la communauté internationale prenne malheureusement en compte le fait, qu'aujourd'hui, la Corée du Nord est un État nucléaire. Et que l'on ne discute pas avec un État nucléaire qui ne veut pas rendre les joyaux de sa couronne, comme on le fait avec un État que l'on espère vacillant. Ce qui n'est pas le cas de la Corée du Nord.»