On a connu Emmanuel Macron plus libéral avec la distribution de la Légion d'honneur, comme le révélait Sputnik en mars dernier. Depuis qu'il est devenu Président de la République, Emmanuel Macron attache une grande importance aux symboles et il souhaite maintenant «redonner son sens» à la plus haute distinction de la République.
«Je pense que le Président fait une erreur et l'erreur vient du fait que- a discrétion des Présidents de la République successifs- il a été attribué des Légions d'honneur a des personnalités du spectacle, de la politique et de la presse, venant de pays étrangers, alors qu'il y a possibilité de le faire au titre des affaires étrangères et c'est là où on voit que parfois pour faire plaisir, on en arrive a décorer des gens qui n'ont rien à voir avec les services rendus à la nation française.»
Jusqu'à présent, près de 3.000 personnes issues du monde civil, militaire, mais aussi des étrangers étaient décorées chaque année. Pour le sénateur, la diminution du nombre de décorés impacterait donc selon lui directement le nombre de ces «citoyens exemplaires dans leurs fonctions et dans leurs départements» qui, dans toute la France, œuvrent sans pour autant être connus du grand public.
«Regardez les promotions, il y a des tas de gens vous ne les connaissez pas! Bien sûr, on vous met les trois, quatre comédiens, journalistes connus ou hommes politiques qui ont eu la médaille, mais sinon on vous ne les connaissez pas. Mais ce sont des gens qui dans les territoires œuvrent pour la nation tout entière et ce serait à mon avis une grave erreur que —au nom d'une sorte de morale- on arrête de reconnaître ces formidables richesses qu'il y a dans les territoires.»
Suite aux nombreuses accusations de viols portées à l'encontre de Harvey Weinstein, samedi 14 octobre, Buzzfeed révélait que l'Élysée avait entériné auprès de la grande Chancellerie de la Légion d'honneur une procédure d'exclusion de l'Ordre pour actes «contraires à l'honneur».
Le producteur américain pourrait ainsi se voir dépossédé de sa décoration, obtenue des mains de Nicolas Sarkozy le 7 mars 2012. Ce n'est pas une première: avant lui, le cycliste américain Lance Armstrong (2014), le couturier britannique John Galliano (2012), suite à leurs condamnations respectives pour dopage et injures antisémites, avaient perdu leur précieuse breloque. Une démarche qu'approuve le Sénateur Gilbert Roger, lui-même décoré de la Légion d'honneur:
«Moi-même, j'ai écrit au Grand chancelier pour demander que cela soit envisagé.»
«Dire qu'on va empêcher tout cela parce qu'on ne veut pas continuer à honorer, et fort heureusement, des bourreaux comme Bachar el-Assad, il ne faut pas mélanger avec le chirurgien, le médecin ou la personne qui est investie dans un quartier difficile et qui rend des services extrêmement importants à la nation.»
«Monsieur Macron, le jour où il va se retrouver dans un pays qui va lui remettre des insignes, il va dire "je ne les prends pas, parce qu'en France je ne vais pas vous en donner"? Non! Par contre, quelqu'un qui faute, oui, il faut sanctionner, il faut retirer cette distinction honorifique.»
Mais la décoration de Bachar el-Assad n'est pas la seule à fâcher les journalistes: celle de l'ex-prince héritier d'Arabie Saoudite, Mohammed ben Nayef Al Saoud, fait Grand officier- dans la plus grande discrétion- par François Hollande le 4 mars 2016 fait aussi débat, de même que celle reçue en avril 2010 des mains de Nicolas Sarkozy par le Président gabonais, Ali Bongo. Mais les chefs et hommes d'État en exercice ne sont pas les seuls ciblés par la vindicte des journalistes, dans leur ligne de mire, Nicolae Ceausescu et Benito Mussolini, respectivement morts en 1989 et 1945…