«Quand, en évoquant le contrat pour la livraison de S-400, la Turquie s'est mise à exiger des conditions supplémentaires non évoquées auparavant, comme le transfert des technologies ou les plans pour l'élaboration conjointe des S-500, certains l'ont perçu comme la préparation du terrain précisément au cas où la pression de l'Occident sur la Turquie serait trop grande et qu'elle serait forcée d'abandonner ce contrat», explique l’expert dans un commentaire au média russe Svobodnaïa Pressa.
Évaluant le futur des relations entre Ankara et l’Alliance, il estime que, dans un avenir prévisible, l'Otan et Washington s'efforceront de maintenir la Turquie dans ses rangs. C'est un allié clef dont les États-Unis ont besoin dans la région.
«La sécurité des mers Noire et Méditerranée, les opérations au Proche-Orient et le déploiement d'une quantité significative du potentiel nucléaire américain en Europe sont en jeu. Je veux parler du dépôt à la base aérienne d'Incirlik. La Turquie est un membre avantageux pour l'Alliance du point de vue militaro-stratégique, qu'il sera difficile de chasser. Ce serait contre-productif», estime-t-il dans son commentaire à l’édition.
Viktor Nadeine-Raevski de l'Institut d'économie mondiale et des relations internationales (IMEMO) y voit quant à lui une tentative d’Ankara de faire pression sur l'Occident et de montrer son indépendance.
Ainsi, l'achat de S-400 ne s’avère pas seulement une question militaire, mais également politique. «Il est question de l'émergence d'Erdogan en tant que personnalité charismatique dans son pays et de la recherche permanente de sources pour renforcer ce charisme. C'est un point essentiel. Erdogan peut-il sacrifier ses ambitions sur l'autel de prétendues valeurs d'alliance? C'est une question discutable», conclut M.Nadeine-Raevski.