«Je ne suis pas le Père Noël»: la phrase de Macron qui déclenche des émeutes en Guyane

© AFP 2024 jody amietDemonstrators march in Cayenne, French Guiana, on October 26, 2017, during an official visit by French President Emmanuel Macron.
Demonstrators march in Cayenne, French Guiana, on October 26, 2017, during an official visit by French President Emmanuel Macron. - Sputnik Afrique
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«Je ne suis pas le Père Noël parce que les Guyanais ne sont pas des enfants», a déclaré Emmanuel Macron lors de son premier voyage outre-mer. Bilan: cocktails Molotov, gaz lacrymogènes, personnes interpellées, un gendarme et un policier blessés…

Plusieurs heures d'affrontements à Cayenne entre forces de l'ordre et manifestants ont marqué jeudi soir le premier jour de la visite en Guyane d'Emmanuel Macron, qui a averti dès son arrivée qu'il n'était pas venu en «Père Noël».

Le chef de l'État était arrivé en Guyane à la mi-journée dans un climat tendu, six mois après un mouvement social qui a paralysé ce territoire français en Amérique du Sud, avant de se rendre directement à Maripasoula, dans l'ouest de cet immense département, pour inaugurer un internat.

Face à une population porteuse de grandes attentes, et par une très forte chaleur, le Président s'est efforcé de répondre à toutes les questions portant sur l'orpaillage, la demande d'un futur lycée, d'un hôpital, ou encore d'une route jusqu'à Cayenne.

«Je ne suis pas le Père Noël parce que les Guyanais ne sont pas des enfants», a-t-il aussitôt averti.

«L'État a fait trop de promesses qui n'ont pas été tenues. Donc, je suis là pour dire les choses en vérité, telles que je les vois, prendre des engagements que je saurai tenir durant mon quinquennat et aussi assurer les éléments d'autorité indispensables sur ce territoire», a déclaré M. Macron.

Une déclaration qui a aussitôt échauffé les esprits.

Plus d'un millier de personnes se sont ainsi rassemblées pour réclamer le respect de l'accord signé le 21 avril, par lequel l'ancien gouvernement a acté un plan d'urgence de 1,08 milliard d'euros, signé des accords sectoriels et «pris acte» d'une demande de 2,1 milliards d'euros de mesures supplémentaires.

Réclamant un rendez-vous avec le chef de l'État, les manifestants se sont ensuite rassemblés devant la préfecture, où ils ont écarté une première série de barrières pour se rapprocher du bâtiment.

L'Élysée leur a proposé un rendez-vous vendredi matin, mais les manifestants ont réclamé de voir M. Macron dès la soirée.

La tension est ensuite montée. Emmanuel Macron «n'a aucun respect pour nous», a déclaré Davy Rimane, membre du collectif. «Maintenant, on sait à qui on a affaire.»

Cinq personnes ont été interpellées, a indiqué le procureur Eric Vaillant à l'AFP. Un gendarme mobile et un policier ont été légèrement blessés.

Pendant plusieurs heures, les forces de l'ordre ont tiré des gaz lacrymogènes destinés au départ à disperser un rassemblement devant la préfecture de Guyane.

En réponse, des jeunes, plusieurs cagoulés, ont lancé des cocktails Molotov et des projectiles, notamment aux abords du commissariat. Des poubelles ont été incendiées.

À 7.000 km de Paris, le territoire de 83.000 km2, pour environ 254.000 habitants, cumule difficultés et retards: immigration clandestine massive, insécurité croissante, communes enclavées, services de santé défaillants, système scolaire inadapté. Avec un taux de chômage de plus de 20%, un taux de pauvreté de plus de 40%, une population jeune en forte croissance et une dépendance extrême aux dépenses publiques, la collectivité d'outre-mer connaît une situation économique difficile.

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