Les incidents qui ont émaillé le référendum du 1er octobre sur l'autodétermination de la Catalogne sont de très mauvaise augure pour la suite des événements dans la péninsule ibérique. Les deux parties risquent en effet de camper sur leurs positions jusqu'au-boutistes. Le 10 octobre, le Président de la Généralité de Catalogne, M. Carles Puigdemont, avait annoncé sa décision de suspendre pour quelques semaines la déclaration d'indépendance. Sur quoi pourraient déboucher d'hypothétiques négociations?
Pour Christian Hoarau, professeur du CNAM et professeur invité à l'Université UPF de Barcelone, auteur de « La Catalogne dans tous ses états » chez l'Harmattan, le premier-ministre espagnol, Mariano Rajoy, « porte [la] responsabilité » du « pourrissement de la situation en espérant ou en se basant sur le fait que les indépendantistes se fatigueraient et n'iraient pas jusqu'au bout ». Selon Jean-Jacques Kourliandsky, chercheur à l'IRIS sur les questions ibériques, c'était pourtant « un scénario prévisible » et les autorités catalanes « devaient s'attendre de la résistance de la part de l'Espagne », car le rapport de forces est « du côté de Madrid ». De surcroît, les indépendantistes catalans sont pacifistes et refusent « de prendre les armes », provoquant alors une « zone grise d'entre-deux. »
Un éventuel mouvement de désobéissance civile pourrait-il régler les problématiques politiques? La situation à Barcelone et dans l'ensemble de la région est très complexe selon M. Kourliandsky. Sur la question d'indépendance, « la société catalane est très divisée » et sur le plan des affrontements, « la violence était également très partagée ». Carles Puigdemont se trouve alors dans «l'impossibilité de se présenter comme le porteur représentant la globalité des Catalans ». Comme le déclare ainsi Christian Hoarau, de nombreuses entreprises délocalisent leurs activités vers les autres régions espagnoles: « quand vous avez près de 600 entreprises qui transfèrent leurs sièges sociaux, c'est quand même un signal fort », car ajoute-t-il: « les entreprises n'aiment pas l'instabilité. »
Retrouvez l'intégralité de l'émission en vidéo sur notre chaîne YouTube Radio Sputnik