Les affirmations sur la crise du fonctionnement des structures étatiques dans les pays proche-orientaux sont très exagérées à bien des égards, a déclaré mercredi Vassili Kouznetsov, directeur du Centre d'études arabes et islamiques de l'Institut d'études orientales de l'Académie des Sciences russe.
Pour ce qui est du Proche-Orient moderne, il est difficile de dire précisément ce que signifie la crise des structures étatiques dans la région.
«Je dirais que le problème est très exagéré dans de nombreux cas. Le Proche-Orient se présente surtout comme une région où tout va très mal, mais en réalité nous n'y constatons que plusieurs guerres civiles. En Libye, la guerre civile a fait 65.000 morts au maximum», a souligné Vassili Kouznetsov lors d'une présentation consacrée aux transformations et aux nouvelles réalités politiques au Proche-Orient.
Et sur ces 65.000 victimes du conflit civil, 40.000 ont été tuées dans l'opération de l'Otan, a-t-il ajouté.
«20.000 autres personnes ont trouvé la mort de 2011 à 2017, a-t-il poursuivi. Il est impossible d'affirmer que les institutions étatiques ne fonctionnent pas. Non, elles fonctionnent exactement dans la mesure dans laquelle elles fonctionnaient sous Mouammar Kadhafi.»
Il a cité un autre exemple, celui de la Syrie, où les victimes de la guerre civile se comptent par centaines de milliers.
«Toutefois, les institutions étatiques ont tenu le coup, elles fonctionnent. Le pays possède la base nécessaire pour tout rétablir», a-t-il indiqué. Dans le même temps, il a fait remarquer que, mis à part le soutien des régimes au pouvoir, personne ne savait ce que signifiait soutenir les structures étatiques au Proche-Orient.
«Soutenir les ONG, c'est soutenir les structures étatiques ou pas? Appuyer les mouvements politiques islamiques comme le font certains pays, c'est aider les structures étatiques ou les détraquer? Je crois que ce sont des questions très difficiles et j'espère […] que nous avons fait un pas vers la compréhension de ces problèmes», a-t-il noté pour conclure.