En publiant un article qui accuse Moscou d'accorder son soutien aux Talibans en leur livrant des armes, le journal britannique The Times avait un objectif bien particulier: celui de détourner l'attention de l'opinion publique de la situation réelle et d'alimenter la russophobie, estiment des experts afghans interrogés à ce sujet par Sputnik.
«La situation en Afghanistan devient de plus en plus grave, nous sommes passés d'une phase de guerre froide à un grand jeu dont les participants sont les puissances mondiales, comme la Russie et les États-Unis», a ainsi expliqué l'ancien député du parlement afghan, Baktash Siavash, soulignant le rôle important que jouent les publications de ce genre dans les «jeux politiques» auxquels se prêtent les pays sur la scène internationale.
Cet avis est partagé par l'observateur politique afghan et ancien employé du ministère afghan des Affaires étrangères pendant le gouvernement taliban, Vahid Mojda.
«Nous avons déjà entendu plusieurs fois des actualités différentes, provenant de sources anonymes ou bien de gens qui n'existent pas. Dans l'article du Times, le nom du représentant des Talibans ne figure pas. On se pose donc la question de savoir si ce représentant existe vraiment. Si oui, pourquoi alors son nom n'est-il pas indiqué? Qu'est-ce qu'on pourrait dire d'autre au sujet de cette information? Les Américains ont décidé de rester longtemps en Afghanistan. Les pays d'Asie centrale et l'Iran sont très préoccupés par cette présence puisqu'il n'y a aucune transparence. Tous les Afghans savent que Daech est un projet américain et pour détourner l'attention publique de ce problème, on diffuse les messages les plus incroyables», a-t-il relaté.
Les accusations des médias britanniques ont également été critiquées par un autre député du parlement afghan, Ahmad Shah Ramazan, affirmant que des propos pareils à l'encontre de Moscou ne suscitaient que l'embarras.
«Nous savons exactement quel pays fait des affaires avec les terroristes et les emmène en Afghanistan mais les États-Unis accusent la Russie d'accorder son soutien aux djihadistes, pourquoi ils ne fournissent pas de preuves? S'ils les ont, qu'ils nous les montrent pour que nous puissions en discuter avec la Russie. Je connais toutes les entreprises qui livrent du carburant en Afghanistan. Il n'y en a aucune qui travaille avec les Talibans. Les États-Unis et leurs alliés diffusent des messages mensongers pour tromper l'opinion publique», a-t-il fustigé.
De son côté, le général de l'armée afghane Abdul Wahid Taqat n'a pas manqué l'occasion de rappeler les liens entretenus par la coalition occidentale avec les terroristes en Afghanistan.
«Nous savons bien que les États-Unis et l'Otan envoyaient des terroristes du Waziristan [un territoire du Pakistan, ndlr] et de Quetta pour combattre contre notre peuple. Nous disposons d'informations qui prouvent comment ces terroristes étaient acheminés par les USA dans les différentes régions de l'Afghanistan […] Grâce à la victoire de Daech, les hélicoptères américains sont venus bombarder les Talibans et les ont défaits. Les Américains ont toujours écrasé même les mouvements populaires qui se formaient pour combattre Daech. Il existe beaucoup d'exemples pareils à la télévision et dans les médias afghans», a-t-il conclu.
Auparavant, le journal britannique The Times avait publié un article qui, se référant à des sources anonymes, accusait Moscou de livrer des produits pétroliers aux Talibans.