A cette question, le lecteur s'imaginera certainement les gars séduisants de la série Mentalist ou Esprits criminels, les femmes charmantes et déterminées comme Alex Parrish de Quantico, ou encore les hommes élégants et forts comme l'agent Dale Cooper ou Raymond Reddington de The Blacklist. Bien sûr, on retrouvera aussi parmi eux des génies marrants avec un QI impressionnant complètement focalisés sur leur travail, comme Mulder et Scully dans X Files.
Ou alors vous ferez d'autres associations avec d'autres héros de vos séries préférées, mais peu importe: quand on parle d'agents américains on s'imagine le plus souvent des héros du petit écran.
Mais les relations entre Hollywood et les renseignements n'ont pas été toujours aussi cordiales. A l'époque du cinéma muet déjà, les agents de la sécurité nationale n'appréciaient pas vraiment la manière dont ils étaient représentés à l'écran dans le rôle d'imbéciles ou d'ivrognes. C'est pourquoi, après l'arrivée d'Edgar Hoover à la tête du FBI, les renseignements ont tenté d'exercer une influence instructive sur les scénaristes et les réalisateurs.
Les récalcitrants se retrouvaient dans le collimateur de la commission enquêtant sur l'activité antiaméricaine qui, en 1947, chapeautait déjà toute l'industrie du cinéma américain. Afin de combattre le communisme, Hoover a commencé à persécuter publiquement de nombreux acteurs, scénaristes et réalisateurs célèbres. La liste des Américains «suspects» comprenait Humphrey Bogart, Charlie Chaplin, Lauren Bacall ou encore Katharine Hepburn. L'histoire de l'actrice Jean Seberg est particulièrement marquante: les services fédéraux ont diffusé l'information selon laquelle le père de son enfant aurait été son amant Raymond Hewitt, chef de l'organisation terroriste Black Panters, et pas son mari Romain Gary. A cause du stress, Seberg a fait une fausse couche et par la suite, fatiguée de prouver qu'elle n'était pas la maîtresse du terroriste, a absorbé une grande quantité de somnifères: elle est décédée dans sa voiture.
Aujourd'hui règnent l'amour et l'entente totale entre le FBI et les personnalités télévisées. Selon les lois américaines, seul le FBI détient le droit exclusif d'utiliser le symbole de son service. Par conséquent, les réalisateurs qui veulent tourner des thrillers et des polars inspirés de la vie réelle des agents du FBI doivent obtenir une autorisation du service pour l'utilisation de son logo et des symboles officiels. Bien évidemment, le FBI n'interdit jamais de tourner des séries sur le Bureau, mais à titre de courtoisie réciproque les spécialistes du département de l'image demandent toujours de lire le scénario. Ce qui est toujours suivi d'une demande polie de changer tel ou tel élément. En échange, les agents fédéraux promettent de partager des informations sur des affaires pénales réelles pour que les réalisateurs de films et de séries puissent écrire «inspiré de faits réels» au générique.
D'après Buzzfeed.com, le département des relations publiques du FBI traite jusqu'à 1.000 requêtes par an en provenance des studios de télé et de cinéma. La majeure partie concerne évidemment l'autorisation d'utiliser le logotype du FBI. Certaines demandes concernent la fourniture d'images documentaires des archives du Bureau. Mais il existe également des requêtes plus insolites. Par exemple, les scénaristes d'une série sur une apocalypse de zombies ont demandé de révéler les informations secrètes sur les consignes données aux agents du FBI s'ils rencontraient un zombie. Le FBI a répondu en plaisantant: si le zombie n'a commis aucune infraction, son comportement serait hors des compétences du Bureau.
Souvent, les réalisateurs entrent en contact étroit avec le FBI. Par exemple, le scénario du film Attrape-moi si tu peux, où Tom Hanks joue l'agent Carl Hanratty, a été rédigé par un vrai agent du FBI, Joe Shea, qui a réellement attrapé le fraudeur Frank Abagnale.
Toutefois, le FBI n'est pas le seul service à travailler avec Hollywood. Depuis la guerre du Vietnam, le Pentagone cherche également à amadouer l'industrie du cinéma. Les généraux proposaient d'utiliser de vrais porte-avions, chars et hélicoptères en demandant en échange une approbation préalable du scénario. Souvent, les réalisateurs prenaient en compte les exigences des généraux.
D'autres agences nationales ont ouvert leur représentation à Hollywood — de la NASA à la Direction de lutte contre les stupéfiants (DEA) auprès du département de la justice. Il s'est avéré récemment que cette dernière avait dépensé des dizaines de millions de dollars pour que les studios comme NBO, Netflix et d'autres fournisseurs de séries sur internet introduisent des affaires antidrogues dans les scénarios de séries populaires, comme Breaking Bad.
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